Questions à l’investisseur, restaurateur et juriste Alexandre Garese

Quels sont les hobbys des hommes d’affaires qui réussissent ? Pratiquent-ils comme vous le polo, le yoga, sont-ils collectionneurs d’art ?
La majorité des Russes s’imaginent que le quotidien, hors travail, des entrepreneurs prospères est ennuyeux et monotone. Qu’ils vont de leur yacht à Courchevel aux plages des Caraïbes, puis qu’ils retournent sur leur yacht. En fait, l’élite des affaires a des passe-temps bien plus intéressants et souvent surprenants.
Alexandre, vous êtes le fondateur de la chaîne des cafés-boulangeries Wolkonsky, le créateur du club d’affaires Kelia, vous travaillez comme avocat et vous êtes un important investisseur en Russie. Avez-vous du temps pour vous reposer ou pour un hobby ?
Alexandre Garese: Je suis un homme occupé. D’autant que mes affaires sont réparties entre la Russie et la France, ce qui me force à beaucoup voyager. Mais toute personne rationnelle sait que pour bien travailler il faut prendre le temps de se reposer. Il faut savoir jongler entre ses affaires et sa vie privée pour éviter le burnout. Aussi, mes hobbys peuvent tout aussi bien être des divertissements que des moments de repos. Le yoga m’aide à me concentrer, à mener une vie plus approfondie, et le polo me distrait et me permet également de parler avec mes co-équipiers. Collectionner des œuvres d’art, enfin, est un plaisir.
Parlons de tous vos passe-temps en détail. Vous avez parlé de yoga. Qu’est-ce vous trouvez dans cette activité inhabituelle pour un européen ?
Alexandre Garese: Le yoga en Russie est en effet toujours quelque chose d’exotique. En Europe et en Amérique, en revanche, il est devenu très populaire ces dix ou vingt dernières années. Paradoxalement, peut-être, j’ai découvert le yoga en Russie en 1992. J’ai été initié au yoga Iyengar que je pratique toujours activement. Il m’aide à passer d’une tâche à l’autre, à oublier les irritations du quotidien, et tout simplement à vivre ma vie de façon plus réfléchie. Ce que j’aime dans le yoga Iyengar est qu’il ne se compose pas uniquement d’asanas et qu’il n’est pas régi par des règles trop rigides – par exemple en ce qui concerne l’alimentation. Ce type de yoga permet d’alterner des postures statiques et des exercices actifs dans une séquence continue.
Le pratiquez-vous en groupe ou individuellement ?
Alexandre Garese : En général, je fais du yoga avec ma femme. J’essaie de le faire tous les jours. Et pour nous faciliter la vie, nous allons ouvrir un studio près de mon club d’affaires, Kelia.
Parlons maintenant de tout autre chose – le polo. Comment vous êtes-vous intéressé à ce sport ?
Alexandre Garese : J’ai commencé à jouer au polo quand j’étais jeune. Ce n’est pas un passe-temps habituel pour les Français, mais ce sport n’est pas si rare en Russie. Pendant mes études, mes amis et moi jouions souvent au polo et il m’a permis de garder contact avec quelques vieux amis. En Russie, le polo est aussi un bon moyen de rencontrer et d’échanger avec des personnes autrement très occupées, dans une ambiance informelle. De plus, ce sport permet de se maintenir en forme et c’est un sport d’équipe – ce qui est passionnant. Les victoires, les échecs, les classements et les entraînements sont tous collectifs. La communication avec les chevaux est également quelque chose de spécial. Ce sont des animaux très fins avec des sentiments, des caractères propres, des personnalités et – j’ose le dire – une vraie intelligence.
Je sais que vous êtes un collectionneur de tableaux et d’objets d’art passionné. On a récemment appris que l’œuvre de Léonard de Vinci « Salvator Mundi » a été vendue à 450,3 millions de dollars. Comment réagissez-vous à de telles dépenses pour une œuvre d’art ?
Alexandre Garese : Je comprends les gens qui sont prêts à payer une telle somme pour un chef-d’œuvre. L’art est éternel. C’est une sorte d’investissement pour l’éternité. Posséder un objet d’art n’est pas seulement un plaisir pour l’amateur ou le collectionneur, c’est aussi un grand honneur. Léonard de Vinci est un colosse de l’histoire de l’art. Posséder une de ses œuvres est un rêve pour tous les collectionneurs. Je suis personnellement passionné par les chefs-d’œuvre de la peinture. Je développe mes connaissances. J’ai, par exemple, découvert grâce à mon travail en Russie l’art des Koukryniksy – un groupe de peintres géniaux de l’époque soviétique. Actuellement, ma collection compte près de mille toiles de ces trois célèbres caricaturistes. Après les avoir restaurées, j’aimerais présenter ma collection au public russe et français.
Pour résumer notre échange, on peut dire qu’un homme d’affaires a besoin d’un hobby. C’est un bon moyen de se reposer et de recharger ses batteries, de fréquenter des gens hors du travail et ça donne des sujets de conversation dans les clubs d’affaires. Je souhaite à tous ceux qui n’ont pas de hobby d’en trouver un au plus vite.