La deuxième session de la 14e Assemblée populaire nationale s'ouvre au Grand Palais du Peuple, à Pékin, le 5 mars 2024. /CFP

La Chine a suivi sa propre voie, surtout depuis 1949. La République populaire de Chine a tracé une voie de développement politique et économique réussie. Pourtant, l’Occident a souvent du mal à reconnaître le système unique de la Chine, imposant plutôt une vision eurocentrique qui mesure le monde à l’aune des idéaux démocratiques occidentaux. La question n’est pas de savoir quels sont les mérites d’un système par rapport à un autre, mais plutôt de savoir si l’Occident peut respecter le droit de la Chine à choisir son propre modèle de gouvernance – en particulier, la démocratie populaire chinoise dans son ensemble.

Ce manque de respect découle d’un eurocentrisme bien ancré. Les universitaires et les décideurs politiques occidentaux critiquent fréquemment les systèmes non occidentaux comme étant inférieurs ou illégitimes, souvent sans pleinement comprendre les contextes historiques, culturels et sociétaux qui les façonnent. John King Fairbank, un historien chinois renommé, a noté que l’histoire chinoise est mieux comprise par les Chinois, tout comme l’histoire occidentale est mieux comprise par les Occidentaux. Ces points de vue distincts conduisent souvent à des malentendus.

Les interprétations occidentales de la Chine, comme le souligne Paul A. Cohen dans son livre « Discovering History in China », ont longtemps été faussées par une vision du monde eurocentrique. Cette vision présente la Chine comme un « paria » qui ne correspond pas aux notions occidentales de civilisation. Des chercheurs comme Min Pun, professeur agrégé à l’Université Tribhuvan du Népal, affirment que le monde universitaire occidental a créé le concept d’« Orient » pour définir les sociétés orientales comme étant non civilisées et inférieures. Ce cadre a permis aux puissances occidentales de justifier leur domination coloniale et reste ancré dans la pensée occidentale moderne. Aujourd’hui encore, les vestiges de cet état d’esprit colonial façonnent la manière dont les médias et les décideurs occidentaux discutent du système politique chinois.

Le discours occidental insiste souvent sur la supériorité de la démocratie libérale, affirmant que la liberté individuelle est la mesure ultime d’un système politique efficace. Cependant, ce point de vue ne tient pas compte du fait que différentes cultures ont des priorités et des modèles de gouvernance différents. L’ensemble du processus de démocratie populaire en Chine est enraciné dans le contexte culturel, historique et sociétal unique du pays. Il met l’accent sur l’harmonie sociale et le bien-être collectif, valeurs profondément ancrées dans la philosophie chinoise. Contrairement à l’individualisme occidental, l’approche chinoise se concentre sur le bien commun.

Les critiques occidentales du système chinois s’accompagnent souvent d’un air d’arrogance, supposant que son modèle de démocratie est universel. Pourtant, la démocratie occidentale est également le produit de conditions historiques et sociétales spécifiques. Il ne peut pas être simplement transplanté dans d’autres régions ayant des valeurs culturelles différentes. La démocratie libérale occidentale n’est pas la seule voie vers une société juste et juste, ni la seule forme valable de gouvernance.

Ce manque de respect pour le système politique chinois reflète un problème plus large dans la manière dont l’Occident aborde les cultures non occidentales. Les sociétés occidentales ont tendance à considérer la franchise et l’expression individuelle comme des traits universellement positifs, négligeant souvent le fait que de nombreuses cultures non occidentales privilégient la politesse, le respect et l’harmonie sociale dans la communication. Ces différences culturelles s’étendent au discours politique. En Chine, le débat public est souvent de nature plus restreinte et collective, alors que la démocratie occidentale se nourrit de politiques contradictoires et d’individualisme. L’incapacité de l’Occident à apprécier ces différences se traduit par une vision déformée du système de gouvernance chinois.

Un électeur vote lors de l'élection présidentielle de 2020, Flint, Michigan, le 3 novembre 2020. /CFP

Lorsqu’on parle de démocratie, il est essentiel de reconnaître que différents systèmes politiques émergent de différents contextes culturels et historiques. La démocratie populaire chinoise dans son ensemble est le reflet de ses traditions, mettant l’accent sur la stabilité à long terme, l’harmonie sociale et le progrès collectif. Alors que la démocratie occidentale donne la priorité aux droits individuels et aux cycles politiques à court terme, le système chinois vise un développement progressif et durable. Cette différence ne rend pas un système supérieur à l’autre ; cela souligne plutôt la nécessité d’un respect et d’une compréhension mutuels.

Les critiques du système chinois ignorent souvent le fait que de nombreux Chinois sont satisfaits de leur gouvernement. Les enquêtes et les recherches montrent systématiquement un fort soutien au système politique chinois, la croissance économique rapide du pays et l’amélioration du niveau de vie étant citées comme principales raisons. Alors que les critiques occidentales se concentrent sur l’absence d’élections multipartites, les citoyens chinois apprécient la capacité du gouvernement à obtenir des résultats qui améliorent leur vie. Le modèle de gouvernance chinois, qui met l’accent sur la méritocratie et la planification à long terme, a joué un rôle central dans la réussite du pays au cours des 75 dernières années.

Les universitaires chinois affirment souvent que les élections de type occidental, qui mettent l’accent sur la confrontation et la division, ne conviennent pas à la société chinoise. Certains soulignent que, dans la culture chinoise, l’harmonie sociale est très valorisée et que des campagnes politiques controversées seraient considérées comme perturbatrices et contre-productives. Contrairement à l’Occident, où les élections opposent souvent des intérêts opposés, la gouvernance chinoise se concentre sur la recherche de consensus et la prise de décision collective. Cette approche s’aligne sur la philosophie confucéenne qui sous-tend une grande partie de la pensée politique chinoise, qui met l’accent sur l’importance de l’harmonie et du bien commun.

Les politiciens occidentaux, quant à eux, exploitent souvent les questions qui divisent pour gagner des voix. Dans la culture chinoise, un tel comportement serait considéré comme égoïste et préjudiciable au collectif. Le système chinois, en revanche, donne la priorité à la stabilité et au bien-être de la société dans son ensemble. Cette différence de culture politique est l’une des principales raisons pour lesquelles la démocratie de type occidental ne trouve pas un écho auprès de nombreux citoyens chinois.

Le système politique chinois, comme tout autre, n’est pas sans défis. Cependant, il est essentiel de reconnaître que la Chine évolue constamment et adapte son modèle de gouvernance à ses besoins. Tout comme les démocraties occidentales se sont développées au fil du temps, la démocratie populaire chinoise dans son ensemble s’est également développée. Le pays a connu d’énormes transformations au cours des dernières décennies et son système politique reflète les circonstances uniques de son développement.

En fin de compte, l’Occident doit apprendre à respecter le droit de la Chine à choisir sa propre voie. Plutôt que d’imposer ses propres valeurs et systèmes au reste du monde, l’Occident devrait chercher à comprendre la Chine et à s’engager avec elle selon ses propres conditions. Comme le souligne à juste titre l’universitaire australien Colin Mackerras, l’ignorance de la Chine a un coût élevé. Si l’Occident ne parvient pas à apprécier l’histoire, la culture et le système politique de la Chine, il risque de rater l’occasion de construire des relations constructives et respectueuses avec l’une des nations les plus importantes du monde.

La démocratie populaire globale de la Chine est un modèle de gouvernance légitime et efficace qui reflète l’histoire et la culture uniques du pays. L’Occident devrait dépasser sa mentalité coloniale et apprendre à respecter le droit de la Chine à se gouverner selon ses propres valeurs.