Le stade de la Tour Eiffel, qui accueillera le beach-volley lors des Jeux olympiques de Paris 2024 et le cécifoot lors des Jeux paralympiques de Paris 2024, à Paris, en France, le 25 juin 2024. /Xinhua

Les Jeux olympiques d’été se sont déjà tenus à Paris, en France, en 1900 et 1924. Cent ans plus tard, les Jeux reviennent dans la ville natale de Pierre de Coubertin, le « père des Jeux olympiques modernes ». Les Jeux de Paris 2024 s’engagent à optimiser leur consommation d’énergie et à introduire des solutions innovantes. Les organisateurs ont promis des Jeux olympiques et paralympiques « verts ». Ils devront émettre la moitié des gaz à effet de serre que les Jeux de Londres en 2012 ou de Rio en 2016 ont émis. De la construction à l’électricité, en passant par la restauration et les déplacements, le défi est immense ; mais il représente également une opportunité de faire avancer une nouvelle norme pour un événement sportif international à faible émission de carbone et respectueux de l’environnement qui bénéficierait également à la ville hôte.

Si l’objectif d’émissions est respecté, il s’agira des premiers Jeux olympiques compatibles avec l’accord de Paris sur le climat. Mais la réalisation de cet objectif est une tâche difficile : le dioxyde de carbone doit être mesuré non seulement dans la construction et les déplacements – deux postes qui représentent chacun environ un tiers des émissions – mais aussi dans la consommation d’électricité, les repas, les technologies numériques et l’hébergement. Pour y parvenir, les Jeux de Paris 2024 ont fixé un « budget carbone » : ils ne doivent pas émettre plus de 1,58 million de tonnes d’équivalent dioxyde de carbone.

Une stratégie clé consiste à construire moins de bâtiments. La construction de sites olympiques a été réduite au minimum. Au total, 95 % des sites sont des infrastructures existantes ou temporaires. L’enjeu était de construire le plus soigneusement possible des lieux emblématiques comme le village des athlètes, le centre aquatique ou l’Arena, des projets gigantesques orchestrés par l’entreprise de réalisation de travaux olympiques Solideo, qui a décidé d’anticiper de 10 ans les objectifs réglementaires pour mettre la ville et le secteur du bâtiment sur la voie de la neutralité carbone en 2050.

Le village des athlètes a réussi à réduire de 47% son empreinte carbone. Avant la construction des 330 000 m² du village en Seine-Saint-Denis, sur les bords de Seine, une grande partie des gravats a été évacuée par bateau, évitant ainsi le passage de plus de 25 000 camions.

Dans la mesure du possible, le béton utilisé est « bas carbone », voire « très bas carbone », et les cloisons sont amovibles. Post-JO, le village est conçu pour devenir un écoquartier. La promesse est qu’une grande partie de ce qui sera démonté sera réutilisée et la démarche choisie est de construire des bâtiments adaptés au climat de 2050, sans climatisation individuelle. Les logements, ouverts des deux côtés pour faciliter la ventilation, sont couverts de toitures végétalisées, équipées de protections solaires permanentes et en prévision des fortes chaleurs, les bâtiments ont été raccordés au réseau froid de la ville, le système de refroidissement écologique des conduites d’eau souterraines.

Le choix de la géothermie est clairement un geste majeur en faveur de cette source d’énergie délaissée. Pour Paris 2024, le village des athlètes sera chauffé et climatisé par géothermie. Onze puits ont été forés dans le quartier à partir de fin 2020. Pour produire simultanément chaleur et froid, un double dispositif, moins énergivore, a été conçu : des thermopompes (c’est-à-dire des pompes capables de fournir de l’eau chaude et froide) associées à une géothermie de surface (environ 100 mètres de profondeur).

Photo non datée du village olympique de Paris 2024. /Xinhua

La technologie utilise l’énergie contenue dans les nappes phréatiques superficielles pour présenter une température moyenne d’environ 15 degrés Celsius tout au long de l’année. L’eau est prélevée dans trois couches géologiques, circule en boucle fermée et réinjectée au sein des couches géologiques. Une attention particulière est portée pour éviter tout rejet dans la Seine. Cette solution permet de fournir simultanément de la chaleur et du froid.

Evidemment, un réseau froid était indispensable au confort des athlètes puisque Paris 2024 se tiendra du 26 juillet au 11 août. Le système a vocation à perdurer. Une fois les épreuves terminées, le village des athlètes se transformera en effet en appartements et bureaux dont les occupants pourront, s’ils le souhaitent, se connecter au réseau froid.

Une attention particulière a été portée à cette période post-olympique dite « d’héritage », qui court jusqu’en 2050. La solution géothermique à base d’aquifères superficiels et de pompes à chaleur suscite rapidement l’intérêt non seulement à Paris mais dans de nombreuses communes de France, comme Nice, le long de la mer Méditerranée.

La solution pourrait réduire de 80 % les émissions de dioxyde de carbone liées à la production de chaleur et de froid, et en même temps, préserver la qualité des ressources en eau souterraine sans risque de contamination exogène.

L’innovation ne se limite pas à la technologie. De nouvelles approches de gestion prennent en compte l’héritage des services urbains existants et s’appuient sur de nouvelles extensions complémentaires pour une gestion durable.

Paris 2024 n’est pas seulement un événement sportif, c’est aussi une opportunité majeure de faire évoluer l’organisation d’événements mondiaux similaires et notamment les infrastructures. Les innovations technologiques et les sources d’énergie alternatives peuvent contribuer à réduire le coût carbone des Jeux et à promouvoir les bonnes pratiques en matière de développement urbain avec des bâtiments à faible émission de carbone et des énergies renouvelables locales comme les eaux souterraines et le flux solaire. La forte visibilité des Jeux Olympiques de Paris dans les médias peut mettre en avant les solutions innovantes pour lutter contre le changement climatique et atteindre la neutralité carbone.