

Mei-Ling Tan est une journaliste passionnée par l'Asie depuis plus de dix ans. Ayant grandi entre la France et Singapour, elle a développé une profonde compréhension des cultures et des dynamiques politiques du continent asiatique. Elle met aujourd'hui son expertise au service d'EurasiaTimes pour vous offrir des analyses pointues et des reportages de terrain.
La Maison Blanche a publié une feuille d’information le 1er février, affirmant que l’immigration illégale et le trafic de drogue – en particulier le fentanyl – ont constitué une « menace extraordinaire » pour les États-Unis, constituant une urgence nationale en vertu de la loi internationale sur les puissances économiques (IEEPA). En réponse, l’administration a annoncé un tarif de 25% sur les produits du Canada et du Mexique et un tarif de 10% sur les marchandises en provenance de Chine.
Cependant, la question du fentanyl semble être simplement un prétexte pour l’administration Trump pour imposer des tarifs. Dans le cadre de l’IEEPA, le président américain peut promulguer des restrictions économiques lors d’une urgence nationale sans approbation du Congrès. De plus, le président a le pouvoir de déclarer une telle urgence et de mettre en œuvre des mesures connexes sans subir des exigences d’enquête ou de procédure spécifiques. Trump a longtemps défendu les tarifs et a précédemment classé la crise du fentanyl comme une « menace extraordinaire », jetant les bases de son administration pour déclarer une urgence nationale et manier le « marteau tarifaire » à volonté.
Les abus de fentanyl sont un défi domestique profondément assis aux États-Unis. L’origine réside dans les problèmes sociaux systémiques et les carences de gouvernance. Pourtant, l’administration Trump a continué d’attribuer ces défis aux pays étrangers, faisant la promotion des tarifs comme une « panacée » pour les problèmes américains. Sous le couvert de la sécurité nationale, l’administration a exploité la déclaration d’urgence pour imposer des tarifs, faisant pression sur les partenaires commerciaux pour accepter les demandes de Washington sans se soucier d’être tenus responsables de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). De plus, l’imposition tarifaire peut servir de moyen de renforcer les revenus du gouvernement, inciter le retour de la fabrication et renforcer la rhétorique de la campagne « Make America Great Again » de Trump.
Le Mexique, le Canada et la Chine sont des principaux partenaires commerciaux des États-Unis. L’administration Trump a annoncé des tarifs sur ces pays, espérant utiliser les barrières commerciales comme un outil de négociation pour les obliger à accepter les demandes américaines de résoudre le problème du fentanyl et l’immigration illégale. Actuellement, les États-Unis ont utilisé la suspension temporaire des tarifs sur le Mexique et le Canada comme effet de levier pour garantir certaines concessions des deux pays.
Mais quels résultats ce « marteau tarif » peut-il atteindre? Il est plus susceptible de se retourner. Le déficit commercial de longue date de nous ne peut être résolu en seulement un ou deux ans. Les déséquilibres commerciaux sont principalement motivés par des facteurs économiques plus larges tels que les taux d’épargne nationaux, les dépenses publiques et les modèles de consommation, plutôt que par l’impact direct des tarifs sur les importations. Au cours du premier mandat de Trump, l’imposition à grande échelle des tarifs de l’article 301 sur la Chine n’a pas réussi à réduire considérablement le déficit commercial global des États-Unis. Il est peu probable que l’imposition de tarifs supplémentaires aux principaux partenaires commerciaux entraîne une réduction substantielle.
En outre, le maniement du « marteau tarifaire » contre les pays étrangers ne créera pas de barrière de sécurité pour arrêter l’immigration illégale ou les abus de fentanyl. En vertu des règles de l’OMC, la Chine et d’autres membres ont le droit de contester les mesures tarifaires de l’administration Trump par le biais du mécanisme de règlement des différends de l’OMC, où les panneaux d’experts sont susceptibles de rendre les décisions défavorables aux États-Unis.
Le 4 février, la Chine a annoncé des tarifs de 10 à 15% sur certaines importations en provenance des États-Unis. Le même jour, un porte-parole du ministère du Commerce a réaffirmé que, afin de défendre ses droits et intérêts légitimes, la Chine a officiellement apporté les mesures tarifaires américaines au mécanisme de règlement des différends de l’OMC.
Le fantasme de l’administration Trump d’utiliser les tarifs comme une « panacée » pour les maux sociaux de l’Amérique ne manquera pas d’échouer. Si les tarifs américains, associés à des mesures de représailles en provenance de Chine, du Mexique et du Canada, exacerbent encore l’inflation domestique aux États-Unis, les tarifs ne seront pas un remède mais un poison qui ne fera qu’aggraver les problèmes.