Vue aérienne du parc forestier national du mont Santai, ville de Suqian, province du Jiangsu, le 5 octobre 2023. /CFP

Cette semaine, le Comité central du Parti communiste chinois (PCC) et le Conseil des affaires d’État ont publié des directives visant à accélérer la transition vers une société plus respectueuse de l’environnement dans les domaines clés du développement économique et social. Ces directives fixent des objectifs et des cibles spécifiques pour faciliter la transition vers une économie plus verte et à faible émission de carbone, en particulier dans les secteurs industriel et énergétique. Elles visent également à promouvoir la transition vers une économie verte dans le secteur des transports et à encourager le développement urbain et rural à faible émission de carbone.

Le plan ambitieux de Pékin visant à plafonner ses émissions de carbone avant 2030 et à atteindre la neutralité carbone d’ici 2060 constitue un engagement monumental en faveur d’un modèle économique durable et résilient. Il pourrait également changer la donne en matière de politiques environnementales mondiales, en plaçant la barre très haut pour les autres nations.

La consommation énergétique de la Chine, acteur clé du paysage énergétique mondial, est un axe majeur de sa transition écologique. Selon l’Administration nationale de l’énergie (NEA), la capacité de production électrique installée du pays a atteint le chiffre stupéfiant de 2,92 milliards de kilowatts à la fin de 2023. Cependant, la structure actuelle de la consommation énergétique privilégie toujours les combustibles fossiles : le charbon représenterait 56,2 % du total en 2022. Dans le même temps, les énergies renouvelables, y compris l’énergie nucléaire, ne représentaient que 25,9 %. Cette répartition souligne l’urgence d’une transition vers des sources d’énergie plus durables.

La croissance rapide de l’économie chinoise, moteur de la demande croissante en énergie, a entraîné une augmentation de près de 20 % de l’approvisionnement énergétique de la Chine depuis le début du 14e Plan quinquennal (2021-2025). Avec l’industrialisation et l’urbanisation en cours, cette tendance devrait se poursuivre. En conséquence, la production d’énergie renouvelable devrait croître encore plus rapidement pour répondre à la consommation croissante d’énergie, ce qui pourrait remodeler le marché mondial de l’énergie.

Ces dernières années, la Chine a investi des ressources considérables dans la construction de capacités d’énergie renouvelable, notamment de vastes centrales éoliennes et solaires, en particulier dans le nord-ouest, et de centrales hydroélectriques. À l’heure actuelle, la capacité d’énergie non fossile dépasse celle des combustibles fossiles et représente 50,9 % de la capacité totale installée du pays.

Parallèlement à l’augmentation de la production et de la distribution d’énergie, il est nécessaire de travailler dur pour générer plus de PIB avec moins d’énergie. Et cela se produit à un rythme accéléré. L’utilisation de technologies innovantes d’économie d’énergie a conduit à une baisse de la consommation d’énergie par unité de PIB de plus de 26 % par rapport au niveau de 2012 et à une baisse de l’intensité des émissions de carbone par unité de PIB de plus de 35 %.

Pékin a donné la priorité à l’adoption généralisée des véhicules électriques (VE) et à l’expansion des infrastructures de recharge comme initiatives essentielles pour lutter contre la pollution urbaine. Ce changement constitue une étape importante vers l’amélioration de la qualité de l’air et la réduction de l’empreinte carbone du pays en pleine urbanisation. Les ventes de véhicules à énergie nouvelle (NEV) en Chine, qui comprennent les voitures à batterie et hybrides, ont atteint 879 000 unités en juillet, soit 50,8 % des ventes totales de véhicules, selon les données publiées par l’Association chinoise des voitures particulières le 8 août.

Ce chiffre dépasse celui des ventes de véhicules à énergie fossile, marquant une étape importante dans la transition de la Chine vers les transports verts. Cette croissance est particulièrement remarquable car elle dépasse le taux de pénétration de 36 % enregistré il y a seulement un an et dépasse les indicateurs similaires dans les pays développés. Par exemple, les États-Unis ont enregistré un taux de pénétration de 18 % au premier trimestre de cette année, selon les dernières estimations de Wards Intelligence. Pourtant, il y a trois ans à peine, les ventes de véhicules à énergie nouvelle (NEV) ne représentaient que 7 % du total des ventes de voitures en Chine. Cette croissance remarquable des ventes de NEV témoigne de l’engagement de Pékin en faveur de la transition verte et des progrès impressionnants réalisés en matière de transport vert.

À l'intérieur de l'usine du constructeur chinois de véhicules électriques Li Auto à Changzhou, dans la province du Jiangsu (est de la Chine), le 15 février 2023. /Xinhua

Le secteur a connu une croissance rapide des ventes grâce à des investissements importants et au soutien public. Par exemple, des politiques gouvernementales ont été mises en œuvre pour remplacer les véhicules vieillissants et acheter des NEV. Ces politiques ont été complétées par des mesures préférentielles au niveau municipal, comme l’octroi aux propriétaires de NEV d’un accès illimité aux voies publiques tout en limitant la circulation des véhicules à combustible fossile à une partie de la semaine seulement. Ces initiatives, ainsi que d’autres, ont conduit à une croissance constante des ventes de NEV, ce qui a permis à de nombreuses marques locales d’atteindre de nouveaux records de vente.

Le pays s’est engagé dans une économie circulaire qui met l’accent sur le recyclage, la réutilisation et l’élimination des déchets. Le gouvernement montre comment la croissance économique peut être obtenue avec un impact environnemental minimal en réduisant les déchets et en améliorant l’efficacité des ressources. Les directives établissent des objectifs spécifiques pour la gestion des déchets. Par exemple, elles stipulent que l’utilisation annuelle des déchets municipaux solides devrait être énorme, soit 4,5 milliards de tonnes, tandis que la production de ressources primaires devrait augmenter d’environ 45 % par rapport à 2020.

Dans la transition vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement, il est essentiel de noter l’accent mis par le pays sur la finance verte. Les directives soulignent l’importance d’intégrer les facteurs environnementaux dans la planification économique. Le recours intensif aux méthodes ESG (environnementales, sociales et de gouvernance) et l’introduction d’obligations vertes et d’autres outils financiers contribuent à soutenir les initiatives durables et à promouvoir l’investissement dans les technologies vertes. Cette stratégie stimule la réflexion créative et transmet au marché mondial l’idée que les pratiques durables guideront le progrès économique.

La Chine a fait des efforts considérables pour adopter des pratiques écologiques, démontrant ainsi sa volonté de créer un avenir durable. Des objectifs ambitieux, des investissements substantiels et des stratégies innovantes témoignent tous d’une compréhension de la nécessité d’équilibrer le développement socio-économique et la protection de l’environnement. Alors que les yeux du monde entier sont tournés vers la Chine, ces efforts sont susceptibles de servir de modèle et de catalyseur pour parvenir à une croissance économique durable, faire des progrès mondiaux dans la lutte contre le changement climatique et préserver une planète plus verte.

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