

Mei-Ling Tan est une journaliste passionnée par l'Asie depuis plus de dix ans. Ayant grandi entre la France et Singapour, elle a développé une profonde compréhension des cultures et des dynamiques politiques du continent asiatique. Elle met aujourd'hui son expertise au service d'EurasiaTimes pour vous offrir des analyses pointues et des reportages de terrain.
La Commission européenne s’apprête à imposer des droits compensateurs (CVD) allant jusqu’à 35,3 pour cent sur les véhicules électriques (VE) en provenance de Chine, en plus des droits de douane de 10 pour cent de l’Union européenne sur les voitures importées, après que les pays de l’UE ne se soient pas opposés à cette décision en octobre. 4 voix à la majorité qualifiée.
Les devoirs sont une erreur. Elles nuiront aux citoyens de l’UE plus qu’elles ne les aideront, et finiront par se retourner contre l’industrie automobile européenne.
Selon des sources industrielles, les véhicules électriques fabriqués en Chine, dont beaucoup sont issus de coentreprises avec des constructeurs automobiles européens et américains, répondent désormais aux normes de qualité mondiales et sont beaucoup moins chers. C’est d’ailleurs cette crainte qui a déclenché le débat politique sur les droits de douane. De plus, il est entendu dans l’industrie automobile que les subventions en Chine et ailleurs jouent désormais un rôle mineur dans les résultats du marché. L’avantage en termes de prix ou de qualité des véhicules électriques chinois semble refléter les vastes économies d’échelle de la Chine (elle produit 60 % de tous les véhicules électriques), les faibles coûts de main-d’œuvre, l’avantage technologique et matériel des batteries, la concurrence intense entre plus de 100 producteurs basés en Chine et leurs premiers producteurs. -avantages du déménageur.
Dans le débat animé sur les CVD, leur coût le plus important est celui qui est le moins évoqué : les prix constamment élevés des véhicules électriques nuisent à tous les consommateurs, en particulier à ceux à faibles revenus. Pour de nombreux citoyens européens moins aisés, notamment dans les zones rurales, la voiture constitue la seule option de transport viable. Pourtant, avec les CVD, de nombreux citoyens européens potentiellement désireux d’écologiser leurs véhicules ne seront pas en mesure de le faire. Leurs pairs au Japon, en Norvège et au Royaume-Uni, qui ont jusqu’à présent évité les maladies cardiovasculaires, seront mieux placés, tout comme les classes moyennes des pays en développement comme la Chine, le Mexique ou la Thaïlande.
Les maladies cardiovasculaires auront également trois répercussions négatives à long terme.
Premièrement, la Chine ripostera. Elle a déjà contesté les droits compensateurs auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), et l’UE pourrait perdre en cas d’arbitrage obligatoire. Je pense que les arguments avancés par la Commission européenne en faveur de droits aussi élevés sont faibles. Les méthodes utilisées par la Commission pour calculer les CVD surestiment systématiquement et considérablement les subventions chinoises (subventions, droits d’usage des terres, financements préférentiels et intrants de batteries). Cette conclusion est conforme aux opinions de l’industrie. Personne ne doute que les Chinois subventionnent (et ils ne sont pas les seuls), mais l’impact ne doit pas être surestimé.
Deuxièmement, les CVD protégeront les producteurs de véhicules électriques de l’UE des pressions concurrentielles mondiales, réduisant ainsi l’incitation à réduire les coûts et à innover. Une fois imposés, les droits – qui s’étendent légalement sur cinq ans – seront extrêmement difficiles à supprimer car l’industrie, y compris les constructeurs automobiles, leurs fournisseurs et leurs travailleurs, s’adaptera et y aura droit.
Ces taxes décourageront les fabricants européens de développer des chaînes de valeur intégrées avec leurs partenaires chinois et leurs fournisseurs hautement compétitifs. L’emprise des constructeurs automobiles européens sur le marché chinois va s’affaiblir, d’autant plus si la Chine riposte directement contre eux, ce qui est une possibilité réelle. Bien qu’ils soient protégés chez eux, les producteurs européens devront néanmoins être compétitifs en Chine, sur les marchés à croissance rapide des pays en développement et dans bien d’autres. La possibilité qu’ils prennent du retard est réelle.
Troisièmement, les CVD représentent une nouvelle étape dans la fragmentation du commerce mondial et dans le possible découplage entre l’Occident et la Chine. Les coûts économiques et les incertitudes de la fragmentation commerciale sont bien documentés et n’épargneront pas l’UE. Par exemple, le marché américain est déjà fermé aux véhicules électriques chinois. Si Donald Trump est réélu, il a promis des droits de douane supplémentaires de 10 % sur toutes les importations, y compris celles en provenance de l’UE.
En outre, il est naïf de croire que les conflits commerciaux entre grandes puissances se limiteront à la sphère économique. Une guerre commerciale avec la Chine mettra à rude épreuve les alliances au sein de l’UE, enhardira les revanchistes à ses frontières, accélérera encore la course aux armements régionale et rendra plus difficile la maîtrise de la prolifération nucléaire à proximité et dans le monde – des tendances qui sont déjà douloureusement évidentes aujourd’hui.
Existe-t-il un meilleur cours ? La réponse est oui. La tentative de la Commission de négocier un plafonnement des prix avec les Chinois – une promesse que le prix de leurs exportations de véhicules électriques ne tombera pas bien en dessous de celui de ceux produits localement – n’est pas la réponse. Cela jouerait contre les consommateurs et priverait l’UE des recettes fiscales.
L’objectif devrait plutôt être de rendre les subventions chinoises à l’automobile transparentes et moins faussant les échanges. Il convient également de comprendre que si les importations de véhicules électriques chinois menacent de causer un préjudice grave à l’industrie européenne – ce qui n’est pas le cas aujourd’hui – alors une mesure de sauvegarde sera imposée. Pour être conforme aux règles de l’OMC : un tel droit serait temporaire et s’appliquerait aux importations de véhicules électriques de toutes provenances, et pas seulement de Chine. Jusqu’au 30 octobre, les CVD restent provisoires. Il n’est pas trop tard pour que l’UE change d’avis.