Si le sport est une métaphore de la vie humaine, alors l’Olympisme et les Jeux Olympiques risquent d’en devenir le paradoxe, là où les principes sur lesquels il est fondé se révèlent utopiques.
Avec l’ouverture des 33e Jeux Olympiques d’été, notre attention est centrée sur les perspectives compétitives et spectaculaires de l’événement. Pourtant, les hypothèses fondamentales, les valeurs fondamentales liées aux principes de la Trêve olympique comme préambule à la paix, sont reléguées au rang de simple formalité, malgré la déclaration rituelle de l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) avec la résolution « Pour l’édification d’un monde pacifique et meilleur grâce au sport et à l’idéal olympique », votée presque à l’unanimité.
Depuis 1896, les Jeux olympiques offrent aux peuples du monde entier une occasion unique de se rencontrer et de rechercher des accords plutôt que d’attiser les conflits. Sur la base des expériences passées, il est essentiel de prendre des mesures concrètes pour favoriser cet esprit et de souligner sincèrement l’importance culturelle et politique des Jeux olympiques, compte tenu de l’extraordinaire plate-forme qu’ils offrent.
La Trêve olympique prévoit la suspension de tous les conflits à partir de sept jours avant l’ouverture des Jeux de Paris 2024, le 26 juillet, jusqu’à sept jours après la conclusion des Jeux paralympiques d’été, le 8 septembre. Compte tenu de la situation actuelle, il semble hautement improbable que cela puisse se produire.
Des compétences et des ressources particulières peuvent être nécessaires pour faire face à des situations particulièrement critiques. Par le passé, des personnalités comme Juan Antonio Samaranch, ancien président du Comité international olympique, ont réussi à surmonter les aspects obstructifs et insidieux de la guerre froide. Aujourd’hui, des efforts similaires sont nécessaires pour garantir que le sport et l’Olympisme conservent leur rôle principal de pont entre des opinions et des intérêts divergents.
Le sport et l’Olympisme sont fondamentaux pour l’éducation et la qualité de la vie physique et sociale dans le monde entier. Tous les pays investissent dans ce domaine, mais il est peut-être temps d’aller plus loin et d’aller au cœur du problème. Nous devons nous demander si nous devons nous débarrasser des fioritures inutiles et nous concentrer sur le bien commun de la fraternité et de l’amitié fondées sur le mérite, la compétence, le talent et le respect des règles.
Pour en revenir au rôle de l’ONU, un nouveau développement se produit : le premier jour du mois de juillet de cette année, moins d’un mois avant les Jeux olympiques de Paris, l’Assemblée générale des Nations Unies a décidé de proclamer officiellement le 19 mai Journée mondiale du fair-play, à compter de 2025. Le message qui en découle est clair, pas seulement pour l’espace culturel anglo-saxon ni pour le monde du sport. Les principes du fair-play ont été conçus comme une représentation de comportements honnêtes et équitables par le grand poète et dramaturge William Shakespeare, qui a écrit de nombreuses œuvres entre le XVIe et le XVIIe siècle et a popularisé le terme « fair-play » dans des pièces comme « Le Roi Jean » et « La Tempête ».
Le concept de Shakespeare, qui consiste à respecter et à adhérer aux règles, connu sous le nom de « fair-play », s’est emparé des faiblesses humaines à travers ses personnages comiques. Cette idée de fair-play est ainsi devenue un modèle de pratique vertueuse, tant dans le sport que dans la vie. En 1975, la Charte du fair-play, qui contient les « Dix commandements » du sport international, a été adoptée par le Comité international du fair-play. Bien que ces principes aient évolué au fil des ans, leurs valeurs fondamentales restent les mêmes : jouer pour le plaisir ; jouer franc jeu ; respecter les règles du jeu ; respecter ses coéquipiers, ses adversaires, les arbitres et les spectateurs ; accepter la défaite avec dignité ; rejeter le dopage, le racisme, la violence et la corruption ; être généreux envers les autres, en particulier ceux qui sont dans le besoin ; aider les autres à persévérer dans les difficultés ; dénoncer ceux qui tentent de discréditer le sport ; honorer ceux qui défendent l’esprit olympique du sport.
Enfin, il convient de se demander s’il n’est pas temps de changer le rythme et les règles du jeu. Le projet du baron de Coubertin pour les Jeux olympiques modernes, imaginés en France et nés à Athènes au XIXe siècle, est extraordinaire. Il a cependant besoin d’une mise à jour ciblée pour le XXIe siècle. Cette mise à jour permettrait de partager plus largement ses valeurs et ses opportunités universelles, en en faisant un symbole permanent de paix.
Aux Jeux olympiques, les drapeaux flottent et les hymnes résonnent, mettant en valeur un tableau des médailles qui représente non seulement le mérite mais aussi la force de la diversité. Voulons-nous réduire le dopage ? Éliminer les interférences politiques et les intrigues internationales ? Poursuivons la voie de l’utopie en ramenant le sport et les Jeux olympiques à une dimension plus terre à terre. Nous devons célébrer la beauté intérieure et les qualités éthiques de l’humanité, en permettant à chacun dans le monde d’être reconnu et respecté, quel que soit son statut social.