Le Premier ministre français Michel Barnier fait des gestes après le résultat du vote de censure sur son administration à l'Assemblée nationale à Paris le 4 décembre 2024. /CFP

Les législateurs français ont adopté mercredi un vote de censure contre le gouvernement, plongeant la deuxième puissance économique de l’Union européenne plus profondément dans une crise qui menace sa capacité à légiférer et à maîtriser un énorme déficit budgétaire.

Les législateurs d’extrême droite et de gauche ont uni leurs forces pour soutenir une motion de censure contre le Premier ministre Michel Barnier, avec une majorité de 331 voix en faveur de la motion.

Barnier doit maintenant présenter sa démission et celle de son gouvernement au président Emmanuel Macron, faisant du mandat de trois mois de son gouvernement minoritaire le plus court de la Cinquième République française depuis 1958. Il devrait le faire jeudi matin, ont rapporté les médias français.

L’extrême gauche et l’extrême droite ont puni Barnier pour avoir utilisé ses pouvoirs constitutionnels spéciaux pour adopter une partie d’un budget impopulaire sans vote final au Parlement, où il manquait du soutien de la majorité. Le projet de budget prévoyait 60 milliards d’euros d’économies (63,07 milliards de dollars) afin de réduire un déficit béant.

« Cette réalité (du déficit) ne disparaîtra pas par la magie d’une motion de censure », a déclaré M. Barnier aux législateurs avant le vote, ajoutant que le déficit budgétaire reviendrait hanter quel que soit le prochain gouvernement.

Aucun gouvernement français n’avait perdu un vote de confiance depuis celui de Georges Pompidou en 1962. Macron a déclenché la crise en convoquant des élections anticipées en juin qui ont donné naissance à un Parlement polarisé.

Avec un président diminué, la France risque désormais de terminer l’année sans gouvernement stable ni budget pour 2025, bien que la Constitution autorise des mesures spéciales qui permettraient d’éviter une fermeture du gouvernement à l’instar des États-Unis.

Les troubles politiques en France affaibliront encore davantage une Union européenne déjà ébranlée par l’implosion du gouvernement de coalition allemand, et quelques semaines avant le retour du président élu américain Donald Trump à la Maison Blanche.

Le ministre sortant de la Défense, Sébastien Lecornu, a averti que les troubles pourraient avoir un impact sur le soutien français à l’Ukraine.

Le parti d’extrême gauche La France Insoumise (LFI) a exigé la démission de Macron.

La disparition de Barnier a été saluée par la chef d’extrême droite Marine Le Pen, qui cherche depuis des années à présenter son parti du Rassemblement national comme un gouvernement en attente.

« Je ne pousse pas à la démission de Macron », a-t-elle déclaré. « La pression sur le président va devenir de plus en plus forte. Lui seul prendra cette décision. »