Le Brésil et la Chine célèbrent aujourd’hui, le 15 août, 50 ans de relations bilatérales. Comme nous le savons, le mot « célébrer » a deux connotations principales. L’une signifie « se souvenir », « se remémorer ». L’autre signifie « louer », « se réjouir ». Les cinq dernières décennies de relations sino-brésiliennes méritent d’être célébrées à ces deux titres : comme un souvenir d’une histoire riche et comme une reconnaissance bien méritée d’un partenariat réussi.
Certes, le Brésil et la Chine ont chacun leur histoire, leur culture, leur identité, leur système politique et leur réalité économique. Mais cette diversité n’a jamais empêché les deux pays d’identifier objectivement des intérêts communs et de poursuivre pragmatiquement des aspirations communes. Elle n’a jamais empêché deux pays géographiquement opposés de devenir des amis estimés. Comme le dit un ancien poème chinois : « Si dans ce monde on a un ami compréhensif, alors les extrémités de la Terre semblent être à côté. » Par-dessus tout, nous commémorons aujourd’hui cette proximité entre des amis éloignés.
Nos relations ont progressivement évolué pour devenir globales et profondes, à l’image des liens qui unissent les plus grands pays en développement des hémisphères occidental et oriental. Cette évolution positive n’est pas le fruit du hasard. Il s’agit d’une construction délibérée, fondée sur deux ingrédients principaux : le respect mutuel et la confiance. Pendant un demi-siècle, des générations successives de dirigeants politiques, de diplomates, d’entrepreneurs, de scientifiques, d’artistes et de chercheurs, entre autres, ont construit la relation multiforme et dense dont jouissent aujourd’hui le Brésil et la Chine.
Au niveau gouvernemental, cette amitié s’est nourrie et développée à travers différents mécanismes de dialogue et de collaboration. Parmi eux, le plus important est le Comité de coordination et de coopération de haut niveau Chine-Brésil, ou COSBAN en portugais. Dirigé par les vice-présidents des deux pays, il s’agit d’une vaste architecture qui comprend 11 sous-comités et 16 groupes de travail qui se réunissent régulièrement pour faire progresser nos relations. Le Dialogue stratégique global entre nos ministres des Affaires étrangères et ses 10 sous-comités thématiques jouent un rôle similaire dans la coordination entre les deux services étrangers.
L’évolution des relations entre le Brésil et la Chine est particulièrement visible dans le domaine commercial. Au milieu des années 1970, les échanges commerciaux entre le Brésil et la Chine s’élevaient à moins de 10 millions de dollars. En 2023, le total des échanges commerciaux a atteint 157 milliards de dollars. Lorsque nous avons commémoré les 15 ans des relations diplomatiques en 1989, la Chine représentait moins de 1,5 % du commerce brésilien. Aujourd’hui, elle représente 27 %. La Chine est le premier partenaire commercial du Brésil depuis plus d’une décennie. Le Brésil est le premier fournisseur de produits agricoles de la Chine, contribuant fièrement à son développement et à sa sécurité alimentaire.
Le contexte géopolitique actuel ne fait que souligner l’importance d’une relation commerciale aussi solide. Nous vivons dans un monde où les décisions économiques sont de plus en plus motivées par des considérations politiques, stratégiques ou de sécurité, ce qui conduit à une refonte des chaînes d’approvisionnement fondée sur des idées telles que le « nearshoring » ou le « friendshoring ». Dans un tel contexte, nos liens commerciaux demeurent un témoignage de la force d’un partenariat qui transcende la géographie et est à l’abri de la politisation – un exemple de ce que l’on pourrait appeler le « trustshoring ». Le Brésil sait qu’il peut compter sur la Chine comme principal partenaire commercial ; la Chine sait qu’elle peut compter sur le Brésil comme fournisseur stable et fiable de biens essentiels – une confiance mutuelle qui génère des avantages mutuels.
Les investissements sont devenus une dimension de plus en plus importante des relations sino-brésiliennes. Plusieurs entreprises brésiliennes sont présentes en Chine et la Chine est devenue une source importante d’investissements au Brésil. Ce partenariat a profité aux infrastructures brésiliennes, en particulier dans le secteur de l’énergie. En particulier, la technologie inégalée de la Chine dans le domaine des lignes de transmission à très haute tension a grandement contribué à l’intégration du réseau électrique brésilien et, par conséquent, à la stabilité de l’approvisionnement en énergie des entreprises et à la qualité de vie des familles brésiliennes. Dans le secteur automobile, les entreprises chinoises implantent déjà des usines au Brésil pour explorer le vaste marché brésilien – et nous espérons que beaucoup d’autres viendront apporter de nouvelles technologies et créer des emplois. Dans le secteur du pétrole et du gaz, les entreprises chinoises ont exploré avec succès de nouvelles opportunités au Brésil. Ce ne sont là que quelques exemples d’un stock de plus de 70 milliards de dollars dans notre pays.
La troisième dimension de notre relation est la science et la technologie. Depuis les années 1980, le Brésil et la Chine développent et lancent conjointement des satellites. Le programme China-Brazil Earth Resources Satellites (CBERS) est un modèle de collaboration scientifique entre pays en développement et de coopération qui a un impact positif sur le monde. Les versions les plus récentes du CBERS seront utilisées pour lutter contre la déforestation illégale au Brésil et aider les autorités à lutter contre les crimes environnementaux.
En fait, notre travail commun dans le domaine de la protection de l’environnement est plein de potentiel et constitue une priorité. Le Brésil possède l’un des bouquets énergétiques les plus propres au monde et est l’un des pays les plus verts du G20, avec environ 90 % de son électricité provenant de sources renouvelables. La Chine est leader mondial dans le domaine des véhicules électriques, des panneaux solaires et de la production d’énergie éolienne. En fait, les investissements chinois dans ces domaines contribuent à rendre le bouquet énergétique brésilien encore plus vert. Lors de la visite d’État du président Luiz Inácio Lula da Silva en Chine en 2023, lui et le président Xi Jinping ont signé une déclaration des dirigeants sur la lutte contre le changement climatique et la promotion du développement durable, et ont décidé de créer un mécanisme spécifique au sein du COSBAN pour organiser notre coopération dans ce domaine. C’est un partenariat qui a du sens pour nous et qui a du sens pour le monde.
En effet, notre relation est d’une importance qui dépasse le cadre bilatéral. Nous avons œuvré ensemble pour renforcer la voix des pays en développement au sein des institutions internationales. Nous avons uni nos forces à plusieurs reprises pour promouvoir le développement durable, l’inclusion sociale et la paix mondiale.
Nous continuerons à le faire pendant les 50 prochaines années et au-delà. Les réalisations passées n’ont d’égal que le potentiel de ce que nous pouvons accomplir à l’avenir. Comme par le passé, ce sera une construction collective. Poursuivons notre travail commun.