Le conseiller à la sécurité nationale américain Jake Sullivan se rendra mardi en Chine à l’invitation du chef de la diplomatie chinoise Wang Yi, alors que les deux plus grandes économies du monde cherchent à stabiliser leurs relations.
Ce voyage de trois jours comprendra la cinquième rencontre de Sullivan avec Wang, ministre chinois des Affaires étrangères et directeur du Bureau de la Commission des Affaires étrangères du Comité central du Parti communiste chinois (PCC). Leur dernière rencontre remonte à janvier à Bangkok, en Thaïlande, deux mois après que le président chinois Xi Jinping et son homologue américain Joe Biden se soient entretenus à San Francisco.
Pékin a qualifié les discussions précédentes de « substantielles et constructives ».
« Après San Francisco, les équipes diplomatiques, financières, policières et climatiques ainsi que les militaires des deux parties ont maintenu la communication et les échanges entre les deux peuples ont augmenté », peut-on lire dans un communiqué détaillant la prochaine visite de Sullivan publié sur le site Internet du ministère chinois des Affaires étrangères.
« Pendant ce temps, les États-Unis ont continué à contenir et à réprimer la Chine. Et la Chine a pris des contre-mesures résolues. Les relations sino-américaines se trouvent toujours à un tournant critique de stabilisation. »
La question de Taiwan et le commerce au cœur de l’ordre du jour
Wang et Sullivan devraient avoir des échanges approfondis sur une série de questions, notamment la question de Taiwan, la question de la mer de Chine méridionale, les tarifs douaniers et le contrôle des exportations, ainsi que les conflits au Moyen-Orient et en Ukraine.
Suite aux accords communs conclus par les deux chefs d’État à San Francisco, les diplomates aborderont également « la frontière entre la sécurité nationale et les activités économiques », selon le communiqué.
La question de Taiwan est une priorité, ou comme l’a déclaré Pékin, « la première et principale ligne rouge à ne pas franchir dans les relations sino-américaines ».
Au cours des dernières années, la Chine a dénoncé les « actions provocatrices » des États-Unis envers la région de Taïwan, notamment les ventes d’armes, les visites de hauts fonctionnaires et le soutien aux forces « indépendantistes de Taïwan », qui ont toutes été réprimées par des « contre-mesures résolues ».
« La partie américaine doit respecter le principe d’une seule Chine et les dispositions des trois communiqués conjoints sino-américains, et honorer son engagement de ne pas soutenir l’« indépendance de Taiwan » », indique le communiqué.
Le commerce sera un autre sujet majeur de discussion, allant des tarifs douaniers et des contrôles à l’exportation aux restrictions à l’investissement.
Il y a quelques jours, Washington a annoncé des sanctions contre certaines entreprises chinoises en raison de leur implication dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine. L’administration Biden a accusé ces entreprises d’être impliquées dans l’expédition de machines-outils et de microélectronique vers la Russie, tout en ajoutant 42 entreprises chinoises à sa liste d’entités, obligeant les fournisseurs à obtenir des licences avant d’expédier aux entreprises ciblées.
Le ministère chinois du Commerce a critiqué cette décision, affirmant que de telles sanctions perturbent les règles du commerce international et entravent le commerce normal entre les pays.
Cependant, malgré leurs tentatives de réprimer les entreprises chinoises, notamment dans le secteur de la haute technologie, les États-Unis continuent de renforcer leur coopération avec la Chine, a noté He Weiwen, chercheur principal au Centre pour la Chine et la mondialisation, dans une interview accordée au Global Times, faisant référence au volume croissant des échanges commerciaux entre les deux parties en 2024.
Conflits au Moyen-Orient et en Ukraine
Un responsable américain a déclaré que les dialogues entre Wang et Sullivan visaient « moins à convaincre la Chine de changer sa politique » qu’à permettre aux deux pays de gérer leurs différences, comme l’a cité le Financial Times.
Tout en partageant des approches différentes, les deux parties devraient échanger leurs évaluations sur les conflits au Moyen-Orient et en Ukraine, où elles ont toutes deux partagé leurs inquiétudes concernant l’instabilité géopolitique.
La Chine continue de promouvoir les pourparlers de paix dans les deux arènes et d’appeler à ce que les conditions soient réunies pour un cessez-le-feu rapide à Gaza.
« La communauté internationale doit unir ses efforts à cette fin », peut-on lire dans le communiqué. « Il faut espérer que les États-Unis entendront la voix de la majorité de la communauté internationale et adopteront une position responsable. »
Au fil des années d’interactions, les responsables chinois et américains ont déclaré à plusieurs reprises qu’ils ne cherchaient pas à se désolidariser l’un de l’autre. Pékin a également réaffirmé son engagement en faveur d’un développement pacifique et d’une coopération mutuellement bénéfique, et qu’il ne cherchait pas à concurrencer Washington.
« La Chine a toujours cru que la concurrence entre grandes puissances n’était pas la solution aux problèmes auxquels sont confrontés les États-Unis ou le monde », a-t-elle déclaré dans le communiqué.
Les États-Unis sont conscients qu’un découplage avec la Chine est impossible lorsqu’il s’agit de promouvoir la paix mondiale et le développement économique, a déclaré Zhu Feng, directeur de l’Institut d’études internationales de l’Université de Nanjing, dans une interview accordée au Global Times.
La politique de la Chine à l’égard des États-Unis reste inchangée, et il incombe désormais aux États-Unis de travailler avec la Chine pour établir une relation responsable qui profite aux deux peuples ainsi qu’à la paix et au développement du monde.