Les étudiants déposent leur téléphone portable dans leur casier, le 5 septembre 2024. /VCG

L’UE a demandé vendredi aux géants du numérique, notamment Snapchat et YouTube, d’expliquer comment ils protègent les enfants des dangers en ligne, alors que tous les États membres, sauf deux, se sont montrés disposés à restreindre l’accès des mineurs aux réseaux sociaux.

L’Union européenne dispose de règles strictes régissant l’espace numérique, notamment sur ce que les enfants devraient pouvoir voir, mais on craint de plus en plus qu’il faille faire davantage.

Inspiré par l’interdiction des réseaux sociaux en Australie pour les moins de 16 ans, Bruxelles analyse l’opportunité de fixer des limites à l’échelle du bloc sur l’accès des mineurs aux plateformes – avec 25 des 27 pays de l’UE se sont prononcés vendredi en faveur d’au moins l’étude d’une telle mesure.

La principale arme dont dispose l’Europe pour garantir que les plateformes luttent contre les contenus illégaux et assurent la sécurité des enfants en ligne est la loi sur les services numériques (DSA), qui a suscité des revendications de censure de la part du secteur technologique américain et des menaces de représailles de la part du président Donald Trump.

Désormais, dans le cadre des « actions d’enquête » au titre du DSA, la Commission européenne a envoyé une demande d’informations à Snapchat sur les mesures qu’elle prend pour empêcher l’accès des enfants de moins de 13 ans.

La commission a également demandé à l’App Store d’Apple et au marché Google Play de fournir des détails sur les mesures prises pour empêcher les enfants de télécharger des applications illégales ou nuisibles, par exemple celles proposant des services de jeux d’argent ou du contenu sexuel.

L’UE souhaite en particulier savoir comment Apple et Google empêchent les enfants de télécharger des outils permettant de créer des contenus sexualisés non consensuels – appelés « applications nudify » – ainsi que la manière dont ils appliquent les classifications par âge des applications.

« La vie privée, la sécurité et la sûreté doivent être garanties, et ce n’est pas toujours le cas, et c’est pourquoi la Commission renforce l’application de nos règles », a déclaré la responsable technique Henna Virkkunen avant la réunion des ministres européens au Danemark.

Une demande d’informations peut donner lieu à des enquêtes, voire à des amendes, mais ne signifie pas en soi que la loi a été enfreinte, ni une démarche vers une sanction.

Concernant Snapchat, Bruxelles souhaite savoir comment l’application de messagerie empêche les utilisateurs d’acheter des drogues et des vapes.

Un porte-parole de Snapchat a déclaré que la société était « profondément engagée » à assurer la sécurité sur sa plateforme et qu’elle fournirait les informations demandées.

Snapchat a déclaré que la société avait déjà « construit des fonctionnalités de confidentialité et de sécurité » pour réduire « les risques et les dommages potentiels ».

Bruxelles souhaite également que YouTube – propriété d’Alphabet, société mère de Google – fournisse des détails sur son système de recommandation, « à la suite de rapports faisant état de contenus préjudiciables diffusés à des mineurs », a indiqué la commission.

Google a déclaré qu’il disposait de « contrôles robustes pour les parents » et de « sécurité et protections pour les jeunes utilisateurs », ajoutant qu’il continuerait à intensifier ses efforts.

Par ailleurs, l’UE enquête sur Facebook et Instagram de Meta, ainsi que sur TikTok, craignant qu’ils n’en fassent pas assez pour lutter contre la nature addictive de leurs plateformes pour les enfants.

Dans le cadre d’un effort parallèle en faveur de la protection de l’enfance, les ministres européens des télécommunications ont discuté de la vérification de l’âge sur les réseaux sociaux et des mesures qu’ils peuvent prendre pour rendre le monde en ligne plus sûr pour les mineurs.

La chef de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, soutient personnellement une telle démarche, et Bruxelles est en train de mettre en place un groupe d’experts pour évaluer les mesures qui pourraient être prises au niveau européen.

Vingt-cinq des 27 pays de l’UE, aux côtés de la Norvège et de l’Islande, ont signé une déclaration soutenant les projets de von der Leyen d’étudier un éventuel âge de majorité numérique à l’échelle du bloc et sur le « besoin urgent » de protéger les mineurs en ligne.

La Belgique et l’Estonie n’ont pas signé la déclaration. Un diplomate belge a déclaré que son pays s’engageait à protéger les enfants en ligne, mais souhaitait garder l’esprit ouvert sur les outils à utiliser.

L’Estonie s’est montrée plus franche, affirmant qu’elle donnait la priorité à « l’éducation numérique et à la pensée critique par rapport aux interdictions d’accès ».

Le Danemark envisage d’interdire les réseaux sociaux aux enfants de moins de 15 ans, ce que la France a également tenté de faire.