L'unité de police judiciaire est présente au bord de la rivière du Musée du Louvre après un braquage à Paris, France, le 19 octobre 2025. /VCG

Une descente dans le plus grand musée de France, qui a vu des voleurs s’enfuir avec des bijoux royaux, a soulevé des questions sur la manière dont le patrimoine culturel inestimable du pays est protégé.

Comment des voleurs équipés d’outils électriques ont-ils pu s’introduire par effraction et voler des couronnes ainsi que des colliers de saphirs et d’émeraudes ? Et comment sécuriser un musée de 73 000 mètres carrés et abritant environ 35 000 œuvres d’art ?

Le gouvernement a déclaré que les autorités réexaminaient déjà la sécurité du vaste site parisien avant l’incident. Les syndicats se sont plaints de la suppression des postes du personnel de sécurité.

Voici quelques-unes des questions soulevées par le drame de dimanche.

Pierre Rosenberg, alors directeur du Louvre, avait averti que la sécurité du musée était « fragile », après le vol en plein jour d’un tableau du maître français Camille Corot en 1998.

Ayant pris ses fonctions en 2021, sa directrice actuelle Laurence des Cars a demandé à la police parisienne de réaliser un audit de sécurité du musée.

A la suite de cet audit, des recommandations ont été formulées « il y a quelques semaines, quelques mois », a déclaré dimanche la ministre de la Culture Rachida Dati après la perquisition.

Ils « commencent à être mis en œuvre », a-t-elle déclaré, sans plus de détails.

Le ministère de la Culture a indiqué dans un communiqué que les alarmes liées aux fenêtres de la galerie Apollo se sont déclenchées lorsque les voleurs y ont pénétré lors d’une « effraction particulièrement rapide et brutale ».

Cinq gardes du musée présents dans la galerie et dans les espaces voisins sont « immédiatement intervenus pour mettre en œuvre le protocole de sécurité », précisant que les voleurs ont pris la fuite. Personne n’a été blessé, précise-t-on.

Les syndicats ont déclaré que la sécurité du musée a été compromise par les réductions de personnel ces dernières années, alors même que la fréquentation du musée a grimpé en flèche.

L’équivalent de 200 postes temps plein ont été supprimés au musée au cours des 15 dernières années, sur un effectif total de près de 2.000 personnes, a indiqué à l’AFP une source syndicale, sous couvert d’anonymat.

La source a ajouté que « nous ne pouvons pas nous passer de surveillance physique ».

Le syndicat SUD a dénoncé dimanche dans un communiqué « les destructions d’emplois de sécurité » au Louvre.

À la mi-juin, le personnel du musée a organisé une brève grève pour protester contre des problèmes de « manque de personnel » qui, selon eux, les empêchaient d’exercer leurs fonctions.

« Ce braquage intervient quelques mois après que les employés du musée ont alerté sur des failles de sécurité », a déclaré l’adjoint à la maire de Paris, David Belliard, du parti des Verts.

« Pourquoi ont-ils été ignorés par la direction du musée et le ministère ? » il a écrit sur X.

En réponse aux avertissements sur l’état du Louvre, le président français Emmanuel Macron a annoncé cette année un projet de rénovation colossal, estimé à 930 millions de dollars.

Il prévoit d’installer une nouvelle entrée pour désengorger l’emblématique pyramide de verre du musée d’ici 2031, ainsi qu’une salle d’exposition dédiée à la Joconde.

Dati a déclaré dimanche que le projet de rénovation comportait un nouveau « plan directeur de sécurité ».

Le ministère de la Culture a indiqué dimanche que les mesures de sécurité seraient « améliorées grâce au déploiement de caméras de nouvelle génération ».

La source syndicale interrogée par l’AFP espère que le montant dépensé « sera à la hauteur de la protection exigée par notre établissement ».

Le Louvre n’est que le dernier musée français à être pris pour cible. Le mois dernier, des voleurs sont entrés de nuit dans le Muséum d’histoire naturelle de Paris et ont volé six kilos de pépites d’or.

« Les musées sont de plus en plus ciblés en raison des œuvres de valeur qu’ils abritent », a déclaré à l’AFP l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels au début du mois.

Les objets en or « sont particulièrement exposés, d’autant que la sécurité d’un musée n’égale pas celle d’une banque ».

Selon les chiffres de l’Office, les cambriolages dans les musées ont culminé à 31 en 2015, avec neuf enregistrés en 2023 et 21 en 2024. Il existe 1 200 lieux classés musées nationaux en France.

Les autorités et le monde de l’art ont spéculé dimanche sur l’identité des suspects et sur la destination potentielle des bijoux du Louvre volés.

Le président de la grande maison de vente aux enchères Drouot Patrimoine, Alexandre Giquello, a déclaré dimanche avoir « du mal à croire » que les joyaux du Louvre aient été volés sur commande, jugeant les fameux trésors « totalement invendables dans leur état actuel ».

« Dans cette opération, le plus compliqué n’est pas le vol, mais la clôture », a déclaré Giquello à la chaîne de télévision LCI.