Le 46th Association of Southeast Asian Nations (ASEAN) à Kuala Lumpur, en Malaisie, est vital pour poursuivre les discussions sur la centralité de l’ANASE, car à une époque de défis géopolitiques et géo-économiques, la pertinence du bloc en tant qu’ancre de la diplomatie régionale ne peut pas être surestée.
La menace imminente des tarifs américains s’est combinée à des changements géopolitiques plus larges et à des crises naturelles pour souligner l’urgence de renforcer la capacité de l’ANASE à agir de manière décisive. Ces crises, tout en mettant en évidence les limitations institutionnelles du groupe, soulignent également la nécessité pour lui de maintenir son rôle central dans la désamorce des tensions régionales. La question n’est pas de savoir si l’ANASE est toujours centrale, mais si elle peut continuer à fournir des résultats face à un ordre géopolitique fragmentant.
Sur le plan économique, les tarifs américains menacent les principales relations commerciales de l’ANASE. L’impact de l’imposition unilatérale de tarifs de l’administration Trump sur les produits chinois a déjà commencé à onduler dans la région en raison de sa dépendance à l’égard des chaînes d’approvisionnement chinoises. Pourtant, la réponse de l’ANASE aux pressions externes a été incohérente, en grande partie en raison de ses intérêts économiques divisés.
Alors que certains de ses membres préconisent une action collective contre les tarifs, d’autres ont priorisé les accords commerciaux bilatéraux avec la Chine et les États-Unis, cette fragmentation a conduit à un manque de stratégies régionales cohérentes, les membres de l’ANASE optant souvent pour des réponses au niveau national plutôt que des solutions multilatérales unifiées. Ce scénario souligne le besoin urgent d’adopter des mécanismes institutionnels plus efficaces pour gérer les défis économiques mondiaux.
Cependant, il y a des aperçus de promesses. La Malaisie a appelé l’Asean à « rester fermement » à la suite de la soi-disant Jour de la libération de Trump, le 2 avril, lorsque le président américain Donald Trump a annoncé sa stratégie de « tarif réciproque ».
De plus, l’accord régional de partenariat économique complet, dont les signataires sont composés de pays de l’ANASE ainsi que de la Chine, du Japon et de la Corée du Sud, reste l’un des plus grands succès de l’ANASE. Ce pacte commercial, qui vise à créer la plus grande zone de libre-échange au monde, souligne le potentiel de l’ANASE à stimuler l’intégration économique dans la région.
Cependant, ces signes positifs sont éclipsés par les divisions internes et les pressions externes. Par exemple, alors que l’ASEAN maintient de solides liens économiques avec la Chine, la concurrence chinoise-américaine complique de plus en plus la capacité du groupe à agir en tant que médiateur impartial dans les questions régionales.
Étant donné que l’ANASE dispose de ressources limitées pour relever ses défis existants, il a encore besoin de partenaires de dialogue pour maintenir son niveau d’opérations existant. Mais aujourd’hui, les partenaires de dialogue ASEAN se livrent de plus en plus à une compétition plus intensifiée et à des plates-formes mini-latérales comme le quad peut défier le rôle de l’ANASE en tant que principal organisme diplomatique dans la région Asie-Pacifique.
Il y a aussi de formidables problèmes internes. Outre la crise humanitaire et naturelle du Myanmar, la fraude en ligne continue de faire des ravages sur l’intégration de l’ANASE, y compris le secteur du tourisme, frappant fort l’économie numérique de la région. Les escroqueries en ligne ciblant les touristes ont créé des préoccupations urgentes concernant le manque de coopération transfrontalière et de faibles mécanismes d’application de la loi dans les États membres de l’ASEAN.
Bien que le bloc ait discuté de la question dans divers cadres, y compris son pilier de la communauté économique, aucune action concrète n’est apparue. L’engagement diplomatique traditionnel de l’ANASE est souvent inférieur à la lutte contre les questions transnationales comme la fraude en ligne, malgré le potentiel de la réunion ministérielle de l’ANASE sur le crime transnational pour le combattre. Une action efficace nécessite une collaboration sur plusieurs secteurs, des forces de l’ordre aux mesures de cybersécurité. Cependant, les contraintes institutionnelles de l’ANASE – y compris la faible coordination du pilier – continuent de limiter sa capacité à lutter contre ces menaces efficacement.
L’ASEAN fait face à un point d’inflexion où il doit décider de rester enraciné dans ses structures et pratiques actuelles ou prendre des mesures audacieuses pour résoudre ses faiblesses inhérentes. La région se trouve à un carrefour avec une escalade des crises internes, l’augmentation des pressions géopolitiques et le rôle changeant des grandes puissances – toutes exigeantes une action urgente. Lors du sommet de la Malaisie, le défi pour les dirigeants de l’ANASE est de savoir s’ils peuvent évoluer pour relever ces défis, ou s’ils permettra au statu quo de persister, ce qui permettait potentiellement la pertinence de l’ANASE sur la scène mondiale.
Enfin, à mesure que l’ANASE avance, la question demeure: la centralité du bloc peut-elle être maintenue? Si oui, à quel prix? L’importance de la centralité de l’ANASE pour les puissances régionales comme la Chine, le Japon et les États-Unis ne peut pas être surestimée. Ils, tout en se concentrant de plus en plus sur les relations bilatérales, ont encore beaucoup à gagner du rôle central de l’ANASE dans la stabilité régionale.
La neutralité de l’ANASE offre sa capacité à faciliter le dialogue et son potentiel en tant que bloc économique unifié. De cette façon, la centralité continue de l’ANASE doit être considérée comme un atout stratégique précieux pour ses partenaires de dialogue.