Le Capitole à Washington, DC, États-Unis, le 5 janvier 2024. /Xinhua

Ces dernières années, les États-Unis ont connu une recrudescence de la violence politique, avec notamment des tentatives d’assassinat contre l’ancien président Donald Trump et d’autres élus. Ces événements violents sont symptomatiques d’un problème plus vaste qui érode les fondements de la démocratie américaine.

Les statistiques de la police du Capitole des États-Unis montrent une augmentation de la violence politique. Les menaces contre les membres du Congrès ont été multipliées par dix entre 2016 et 2021. Le nombre de menaces signalées en 2020 était de plus de 8 600, contre environ 902 en 2016. Cette augmentation des agressions a conduit à l’attaque du Capitole des États-Unis le 6 janvier 2021, où des partisans de Trump ont marché jusqu’au bâtiment dans le but d’empêcher la certification des résultats de l’élection présidentielle de 2020. La violence politique a entraîné la mort de cinq personnes et la blessure de plus de 140 policiers.

Un autre événement marquant s’est produit le 14 juin 2017, lorsque le terroriste d’extrême gauche James Hodgkinson a tiré sur des membres républicains de l’équipe de baseball du Congrès à Alexandria, en Virginie, blessant grièvement le chef de file de la majorité à la Chambre des représentants, Steve Scalise, et quatre autres personnes. Hodgkinson, qui avait un passé de rhétorique anti-républicaine, était motivé par sa haine extrême du GOP et de l’administration Trump.

Le 28 octobre 2022, Paul Pelosi, le mari de la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, a été attaqué à coups de marteau par David DePape, un homme radicalisé par les théories du complot d’extrême droite. L’objectif de DePape était de blesser Nancy Pelosi qu’il considérait comme un acteur clé de la politique du Parti démocrate.

Dans un sondage Gallup réalisé en septembre 2023, 32 % des Américains ont déclaré avoir confiance dans le Congrès, soit une baisse de six points de pourcentage par rapport à l’année précédente. En effet, les menaces et la violence érodent la confiance du public et rendent ainsi difficile la gestion du pays par les élus.

Le Capitole à Washington, DC, États-Unis, le 21 mars 2023. /Xinhua

Les gens se tournent vers les réseaux sociaux comme Facebook, X et YouTube pour diffuser des théories du complot, notamment QAnon, un mouvement conspirationniste qui prétend que le monde est contrôlé par un groupe de criminels. Ces théories ont encouragé des personnes comme Anthony Comello, qui a tué un chef présumé de la mafia, Francesco Cali, en mars 2019, pensant qu’il tuait une partie de ce que l’on appelle l’État profond.

Le rôle joué par les réseaux sociaux dans l’incitation à la violence est encore plus mis en évidence par l’émergence de groupes tels que les Proud Boys et Antifa. Ces deux groupes ont utilisé ces plateformes de médias sociaux pour appeler à des manifestations violentes comme celle qui s’est produite à Charlottesville, en Virginie, le 12 août 2017, lors de la marche « Unite the Right ». Ce jour-là, James Alex Fields Jr., un suprémaciste blanc, a foncé avec sa voiture sur un groupe de contre-manifestants, entraînant la mort de Heather Heyer et en blessant de nombreuses autres.

Les raisons qui poussent les gens à commettre des actes de violence politique sont nombreuses. Certains cherchent à obtenir des changements en raison de difficultés économiques, de problèmes personnels ou d’un sentiment d’impuissance, et c’est pourquoi certains d’entre eux sont prêts à utiliser des méthodes extrêmes. En témoigne l’incident de la fusillade de la synagogue de Pittsburgh en 2018, où Robert Bowers, influencé par des théories de conspiration antisémites, a attaqué la synagogue Tree of Life le 27 octobre, tuant 11 personnes. Bowers a été inspiré par la haine contre les immigrants et les juifs, propagée par les réseaux sociaux sur des sites considérés comme d’extrême droite.

La violence politique porte atteinte aux principes fondamentaux de la démocratie. Les États-Unis, qui étaient autrefois synonymes de démocratie et de stabilité politique, se trouvent aujourd’hui dans une situation où les personnalités politiques sont menacées en raison de leurs opinions. La fusillade survenue au domicile du juge Brett Kavanaugh en juin 2022, en réponse à la décision divulguée d’annuler l’arrêt Roe v. Wade, montre que les décisions judiciaires sont une raison de recourir à la force.

La secrétaire d’État de l’Arizona, Katie Hobbs, a été inondée de menaces de mort après avoir certifié les résultats des élections de 2020, et des personnes ont manifesté devant son bureau. Hobbs a par la suite témoigné que ces menaces lui faisaient se sentir en insécurité, un sentiment partagé par de nombreux responsables électoraux à travers le pays. À mesure que ces menaces se multiplient, la capacité des élus à s’acquitter de leurs fonctions est mise à mal.

Les États-Unis se trouvent à la croisée des chemins. Si ce flux de violence politique n’est pas géré de manière appropriée, le pays pourrait devenir un endroit où la force l’emporte sur le droit. Les dirigeants politiques doivent agir en condamnant la violence sans ambiguïté, tandis que les réseaux sociaux doivent faire davantage pour lutter contre l’extrémisme. Pour rester un pays démocratique, les États-Unis doivent s’attaquer à ce problème de toute urgence avant que l’État de droit ne soit englouti par l’intolérance politique croissante.