Des secouristes fouillent les décombres sur les lieux d'une frappe israélienne qui a visé la banlieue sud de Beyrouth la veille, alors que les opérations de recherche et de sauvetage se poursuivent le samedi 21 septembre 2024. /CFP

Les secouristes de Beyrouth recherchaient samedi des personnes toujours portées disparues sous les décombres après qu’une frappe aérienne israélienne visant des commandants du Hezbollah a tué au moins 37 personnes la veille dans une banlieue de la capitale libanaise, selon les autorités.

Le Hezbollah a déclaré que 16 membres, dont le haut dirigeant Ibrahim Akil et un autre commandant, Ahmed Wahbi, figuraient parmi les personnes tuées dans la frappe la plus meurtrière depuis près d’un an de conflit avec Israël.

L’armée israélienne a déclaré avoir frappé un rassemblement clandestin d’Akil et de dirigeants des forces d’élite du Hezbollah, Radwan, et avoir presque complètement démantelé sa chaîne de commandement militaire.

L’attaque a détruit un immeuble résidentiel de plusieurs étages dans cette banlieue surpeuplée et endommagé une crèche voisine, a indiqué une source de sécurité. Trois enfants et sept femmes figurent parmi les victimes, selon le ministère libanais de la Santé.

Les frappes transfrontalières se sont poursuivies samedi. L’aviation israélienne a mené les bombardements les plus importants depuis 11 mois dans le sud du Liban et le Hezbollah a revendiqué des tirs de roquettes sur des cibles militaires dans le nord d’Israël.

L’armée israélienne a déclaré avoir touché environ 180 cibles, détruisant des milliers de lance-roquettes.

Le Premier ministre libanais Najib Mikati a annulé un déplacement prévu à l’Assemblée générale de l’ONU à New York. Le conseiller américain à la sécurité nationale Jake Sullivan a déclaré qu’il craignait une escalade mais que l’assassinat par Israël d’un haut dirigeant du Hezbollah avait rendu justice au groupe, que Washington qualifie de terroriste.

De la fumée s'élève sur le site d'une frappe aérienne israélienne à la périphérie du village de Zawtar, dans le sud du Liban, le 21 septembre 2024. /CFP

Le Hezbollah a déclaré qu’il continuerait à combattre Israël jusqu’à ce que ce dernier accepte un cessez-le-feu à Gaza. Les responsables américains estiment que cela est peu probable dans un avenir proche. Israël veut que le Hezbollah cesse le feu et retire ses forces de la région frontalière, indépendamment de tout accord sur Gaza.

Anticipant des représailles, l’armée israélienne a restreint les rassemblements et a relevé le niveau d’alerte pour les habitants des communautés du nord. L’alerte a été étendue jusqu’à la ville côtière de Haïfa, au sud, ce qui indique qu’Israël pense que le Hezbollah pourrait frapper plus profondément qu’il ne l’a fait depuis le début du conflit à Gaza.

Dans le sud du Liban, des habitants ont décrit samedi d’énormes explosions qui ont illuminé le ciel nocturne et fait trembler le sol alors qu’Israël menait ses dernières frappes.

Le ministre libanais des Travaux publics et des Transports, Ali Hamieh, a déclaré aux journalistes présents sur les lieux de la grève de vendredi dans la banlieue de Beyrouth qu’au moins 23 personnes étaient toujours portées disparues.

« L’ennemi israélien entraîne la région vers la guerre », a-t-il déclaré.

Le ministre de la Défense Yoav Gallant, qui a déclaré cette semaine qu’Israël lançait une nouvelle phase de guerre à la frontière nord, a posté sur X : « La séquence d’actions de la nouvelle phase se poursuivra jusqu’à ce que notre objectif soit atteint : le retour en toute sécurité des habitants du nord dans leurs foyers. »

Les proches des personnes tuées lors d'une frappe aérienne israélienne sur le quartier de Dahieh, au sud de Beyrouth, en deuil au Liban, le 21 septembre 2024. /CFP

Des dizaines de milliers de personnes ont quitté leurs foyers des deux côtés de la frontière israélo-libanaise depuis que le Hezbollah a commencé à tirer des roquettes sur Israël en octobre en signe de solidarité avec les Palestiniens de Gaza.

Le département d’État américain a annoncé avoir renouvelé son avis de voyage pour le Liban, continuant d’exhorter les citoyens américains à ne pas s’y rendre et à ceux déjà présents dans le pays de partir tant que des options commerciales sont encore disponibles.

L’espace aérien dans le nord d’Israël, à partir de la ville de Hadera, a été fermé aux vols privés mais les vols internationaux n’ont pas été affectés, a indiqué l’armée.

Avec au moins 70 personnes tuées au Liban cette semaine, le bilan du conflit dans le pays depuis octobre a dépassé les 740 morts lors de la pire flambée de violence entre Israël et le Hezbollah depuis la guerre de 2006.

La coordinatrice spéciale des Nations Unies pour le Liban, Jeanine-Hennis Plasschaert, a déclaré vendredi que la grève dans une zone densément peuplée de Beyrouth faisait partie d’un « cycle de violence extrêmement dangereux aux conséquences dévastatrices. Cela doit cesser immédiatement ».

(Avec la contribution de Reuters)