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À chaque fois que je retourne en Chine, je suis surpris. Les paysages et les ciels que j’ai laissés derrière moi lors de mes précédents voyages ne sont plus jamais les mêmes. On voit bien comment les villes, l’économie et même la société elle-même évoluent à un rythme rapide, laissant un observateur curieux comme moi stupéfait à l’ombre des gratte-ciels nouvellement construits, à l’intérieur des mégacentres commerciaux où l’on peut trouver n’importe quelle marque internationale que l’on cherche, ou dans la file d’attente quelque part en utilisant les dernières technologies avancées pour réserver une visite, gérer un rendez-vous ou effectuer une transaction.

C’est une réalité que l’on ne peut ignorer, où le passé, le présent et le futur fusionnent en même temps, créant un environnement complexe – et peut-être parfois contradictoire – qui, cependant, montre clairement au monde sa propre importance.

C’était en 2019, lorsque j’écrivais sur la façon dont l’Italie, mon pays d’origine, et la Chine, que je considérais souvent comme ma seconde patrie, auraient pu bénéficier d’un renforcement de leurs liens dans le cadre de l’initiative Belt and Road (BRI). La même année, en effet, un protocole d’accord a été signé pour renforcer le dialogue entre Rome et Pékin sur un certain nombre de sujets cruciaux – de la coopération financière et commerciale aux investissements dans les transports et la logistique, en passant par les échanges culturels. C’était un début prometteur qui, malheureusement, n’a pas évolué de manière significative par la suite. La pandémie, la crise économique, l’instabilité du gouvernement italien et les tensions caractérisant l’échiquier géopolitique au sens large n’ont pas joué en faveur du développement des relations sino-italiennes.

Le 27 juillet, la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni a effectué un voyage important en Chine. La dirigeante de ce pays européen a fait preuve d’une approche pragmatique qui ne veut pas – et ne peut pas – ignorer l’importance de la relation entre Rome et Pékin, malgré les diatribes politiques qui ont fait osciller ces dernières années les liens sino-européens et sino-américains.

Il était nécessaire que l’Italie fasse un pas en avant pour écrire un nouveau chapitre avec la Chine afin de jeter les bases de nouvelles formes de collaboration pour résoudre les problèmes les plus critiques affectant la stabilité et la sécurité sur la scène internationale. C’est en ces temps de turbulences que les nations doivent dépasser les barrières politiques ou géoéconomiques pour établir des canaux de communication et des mécanismes de coopération efficaces qui profitent à leurs propres économies et à la société dans son ensemble. Avec ouverture et respect, malgré les points de vue et les approches divergents qui peuvent encore exister dans certains domaines, les messages de modération doivent prévaloir.

Le Premier ministre italien Giorgio Meloni est arrivé à Pékin, capitale de la Chine, pour une visite officielle, le 27 juillet 2024. /CFP

L’année 2024 est également une année importante dans le contexte de cette rencontre. Elle marque le 20e anniversaire du partenariat stratégique global sino-italien et le 700e anniversaire de la mort de Marco Polo, l’explorateur vénitien que nous apprécions tous pour sa contribution significative, il y a des siècles, à l’établissement des premières formes de relations entre Pékin et Rome le long de la Route de la soie. En effet, aucune occasion n’aurait pu être meilleure pour relancer les relations bilatérales à travers la signature d’un nouveau plan triennal qui, comme l’a dit Meloni, expérimenterait des formes de collaboration. Par exemple, le protocole d’accord vise à stimuler le travail conjoint dans des secteurs industriels stratégiques tels que les énergies renouvelables et la mobilité électrique.

Meloni a toujours été connue pour vouloir protéger les intérêts nationaux de l’Italie, probablement beaucoup plus que ses prédécesseurs. Cependant, même les dirigeants qui ont toujours adopté des positions fortes comme la sienne ne pouvaient plus nier l’importance de stabiliser les relations avec un géant comme la Chine, qui a acquis au fil des ans une sphère d’influence économique et diplomatique significative. Un nouveau tournant s’imposait et, comme tout dirigeant doit le faire, elle a privilégié une stratégie réaliste et logique plutôt que de rester inflexible sur sa position.

La Chine a souvent été perçue par les acteurs politiques occidentaux à travers de vieux stéréotypes qui ne correspondent pas vraiment à la réalité en pleine mutation. Continuer sur cette voie ne sera bénéfique pour aucune des parties concernées. Ce qui nous attend doit certainement être caractérisé par le mot-clé « progrès », et cela ne doit pas être entendu uniquement au niveau du partenariat économique, mais aussi en termes de mentalité avec laquelle Pékin est perçu, considéré et abordé.