Journée mondiale contre les essais nucléaires : le Kazakhstan poursuit son combat

Journée mondiale contre les essais nucléaires : le Kazakhstan poursuit son combat

Le 29 août se tiendra la journée mondiale contre les essais nucléaires, décrétée par les Nations Unies. En chef de file de ce mouvement se trouve le Kazakhstan, qui a fait de la lutte contre la prolifération de l’armement nucléaire une priorité et a su, par ce biais, trouver sa place sur la scène internationale.

Le 2 décembre 2009 se tenait la 64e session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Session durant laquelle le 29 août a été proclamé Journée internationale contre les essais nucléaires suite à l’adoption de la résolution 64/35. « Cette journée est célébrée chaque année à travers le monde, lors des colloques, de conférences, d’expositions, de compétitions, de publications, de programmes diffusés par les médias et bien d’autres activités », développent les Nations Unies sur une page dédiée.

Une des toiles du peintre kazakh Karipbek Kuyukov, victime des essais nucléaires et né sans bras

Une des toiles du peintre kazakh Karipbek Kuyukov, victime des essais nucléaires et né sans bras

À l’origine, le Kazakhstan

C’est la République du Kazakhstan qui a initié cette résolution, afin de commémorer la fermeture du polygone d’essais nucléaires de Semipalatinsk (Kazakhstan), le 29 août 1991. En effet, tandis que les États-Unis possédaient les grandes étendues désertiques du Nevada et la France, la Polynésie française, l’Union soviétique disposait, quant à elle, de l’immense territoire du Kazakhstan pour tester son arsenal nucléaire. Ce qui n’a évidemment pas été sans conséquence sur l’environnement et sur « le pool génétique de la population du Kazakhstan », comme l’écrit l’ONU.

À partir d’août 1949 et pendant plus de quarante ans, les steppes kazakhes ont accueilli des centres de traitement de l’uranium, des sites d’enfouissement des déchets et des tests nucléaires. Au total, 456 tests ont été opérés près de la ville de Semipalatinsk. L’impact des explosions a été 45 000 fois supérieur à celui de la bombe atomique d’Hiroshima. « Comme le montre la recherche scientifique, près de 2,6 millions de personnes ont subi, dans ce pays, des mutations génétiques consécutives à une exposition prolongée aux rayonnements ionisants », indiquent les Nations-Unies.

Une campagne antitest, connue sous le nom de Mouvement antinucléaire international Nevada-Semipalatinsk, avait vu le jour au Kazakhstan dans les années 1990. Première ONG antinucléaire créée sur le territoire de l’ex-URSS (1989), elle est à l’origine de l’arrêt des essais du polygone de Semipalatinsk. L’ancienne république soviétique avait par la suite renvoyé en Russie 1 400 ogives nucléaires qui se trouvaient sur son territoire

Le Kazakhstan comme porte-étendard

Marqué au fer rouge radioactif, le Kazakhstan, poursuit encore à ce jour sa politique du « Plus jamais ça ». C’est d’ailleurs à Astana (rebaptisé Nur-Sultan), sa capitale, que s’était déroulé un colloque en août 2016, dans le cadre de la fameuse journée. L’objectif de cet événement réunissant élus, experts et ONG était d’évoquer cette journée internationale, ainsi que les vingt-cinq ans de la fermeture du polygone d’essais nucléaires.

Tous ont fait le point sur les progrès en vue de la dénucléarisation de la planète. Le président kazakhstanais, Noursoultan Nazarbaïev (élu depuis 1991), déclarait à cette occasion : « Si une guerre nucléaire éclatait et que tout était détruit, ce serait l’apocalypse. Je pense que personne dans le monde ne peut me contredire sur ce point, donc nous sommes optimistes, parce que les gens veulent vivre, élever leurs enfants et leurs petits-enfants et qu’ils ne veulent pas d’une guerre nucléaire. [D’où] de telles conférences et nos initiatives en la matière [qui] ont pour objectif d’informer toutes les populations du monde sur ce danger. »

Le sujet est d’autant plus important que, lors de ce colloque, tous se sont inquiétés du risque terroriste couplé au risque nucléaire. Problème qui, dans l’avenir, devra être pris à bras-le-corps, ont prévenu les participants. À l’issue de cet événement, un document a été adopté. Il exhorte les gouvernements à établir des zones dénucléarisées au Moyen-Orient, en Asie du Nord-Est et en Europe. Le tout dans un contexte tendu, alors que le Royaume-Uni a annoncé, en avril dernier, son intention d’augmenter son stock d’armes nucléaires. Ledit document relance au passage le projet ATOM. Cette campagne internationale, initiée par le Kazakhstan (encore lui) en 2012, vise à alerter les citoyens et les décideurs sur la nécessité de mettre fin aux essais nucléaires.

Les sceptiques diront : « Simple profession de foi. » Pourtant, ce militantisme international antinucléaire semble modestement porter ses fruits. À ce jour, bien que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires de 1996 (TICE) visant à en finir avec toutes les formes d’essais nucléaires ne soit toujours pas entré en vigueur, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) l’est en revanche depuis le 22 janvier 2021.

Quant au Kazakhstan il a su tirer son épingle du jeu et trouver sa place sur la scène internationale à travers cette politique anti-armes nucléaires. Il a, par exemple, été le premier pays postsoviétique à assurer la présidence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), en 2010. Cette politique de renoncement nucléaire lui a aussi permis d’améliorer le climat d’investissement du pays.

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