La France condamnée pour ses prisons

La Cour Européenne des droits de l’homme (CEDH) vient de donner raison à une
trentaine de détenus qui avaient porté plainte pour dénoncer leurs conditions de détention
dans les prisons françaises.
Le problème structurel des prisons françaises
Les trente-deux détenus des prisons de Fresnes, Nîmes, Nice, Ducos et Nuutania qui
avaient saisi la justice européenne quand à leurs conditions de détention ont obtenu des
recommandations de la part de la CEDH. Les détenus ont décrit des conditions de
détention déplorables, des lieux de vie crasseux, la surpopulation et le bruit permanent,
poussant la justice européenne à recommander des mesures d’amélioration de la vie dans
les prisons françaises, parlant même de «problème structurel».
Selon les chiffres de l’administration pénitentiaire, 70 818 personnes seraient incarcérées
dans 188 établissements au 1er octobre 2019, alors que le nombre de places
opérationnelles est de 61 065. Le nombre de matelas au sol serait en augmentation.
Une victoire pour l’OIP et les détenus
La CEDH confirme que les détenus n’avaient pas bénéficié de conditions de détention
décentes et a condamné la France pour l’absence de recours administratifs effectifs et
traitements inhumains et dégradants.
Pour l’Observatoire International des prisons (OIP), qui a organisé la campagne
coordonnant les différentes requêtes des détenus, c’est une immense victoire,
l’aboutissement de plus de dix ans de lutte pour la reconnaissance du délabrement des
prisons françaises. L’arrêt rendu par la CEDH fait office d’arrêt-pilote et de point de départ
d’un grand chantier de réflexion allant, bien au-delà de la seule construction de nouvelles
prisons, jusque dans les questionnements du sens de la peine carcérale.