L’UE passe difficilement la présidence à la Roumanie

La Roumanie s’apprête à prendre la présidence tournante de l’Union européenne dans un contexte plutôt difficile. Le gouvernement roumain – de gauche – se montre de plus en plus critique vis-à-vis de Bruxelles et le président de la Commission européenne ne cache plus ses craintes quant à la capacité de la Roumanie à assumer une présidence forte. L’heure est à la défiance alors que l’UE va devoir gérer des dossiers compliqués.
Y-a-t-il encore un europhile pour présider l’Union européenne ? Après l’Autriche et son chancelier très conservateur, c’est au tour de la Roumanie de s’asseoir à la présidence tournante de l’UE. Si les six derniers mois ce sont bien passés malgré les différences de vue avec Sebastian Kurz, la nouvelle période qui s’ouvre à compter du 1er janvier risque d’être bien plus agitée. En effet, la Roumanie se montre particulièrement critique à l’endroit de Bruxelles depuis plusieurs mois. La volonté de réformer le système judiciaire roumain est au cœur de la bataille que se livre Bucarest et Bruxelles.
Au pouvoir depuis 2016, le PSD souhaite réformer en profondeur la justice et réfute l’établissement d’un « Etat parallèle » des juges qui viendrait s’ingérer dans les affaires politiques. Les opposants à la réforme – dont la Commission européenne – craignent qu’elle ne débouche tout simplement sur la fin, de fait, de la lutte contre la corruption. La Première ministre roumaine, Viorica Dăncilă, déjà condamnée à de la prison avec sursis pour fraude est objet de deux autres enquêtes actuellement. Elle serait la principale bénéficiaire (avec plusieurs autres figures de PSD) de cette réforme contestée.
Face à l’hostilité de Bruxelles, le gouvernement roumain n’hésite plus à employer une rhétorique musclée contre une UE « inique » qui nie le « droit à ses propres opinions ». Echanges d’amabilités, Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne à faire part de ses « doutes » concernant la capacité de la Roumanie à « mettre ses propres préoccupations au second plan » pour le bien de l’ensemble des Etats-membres. « Le gouvernement de Bucarest n’a pas encore pleinement compris ce que signifie présider les pays de l’UE » poursuit Juncker.
Autant dire que la présidence roumaine ne s’ouvre pas sous les meilleurs auspices alors que des élections européennes compliquées pour les tenants de l’UE se profilent au printemps prochain. Enfin, la sortie du Royaume-Uni doit être finalisée après plus de deux années de négociations. Bucarest va ainsi pouvoir se confronter à des problèmes européens aussi complexes que décisifs pour son avenir.