La Grèce veut renvoyer 10 000 migrants en Turquie

Débordée par l’afflux de migrants sur ses îles, la Grèce a décidé de durcir le ton après de terribles événements qui se sont produits dans un camp. Un incendie aurait fait au moins deux victimes et entraîné des émeutes dans le camp surpeuplé de Moria (île de Lesbos). Le gouvernement s’est réuni en urgence le lendemain, ce lundi, et a annoncé son intention de renvoyer 10 000 migrants en Turquie conformément à l’accord signé avec Ankara en 2016. Une position que ne partageait pas l’ancien gouvernement dirigé par Alexis Tsipras.
Dimanche, le camp de Moria situé sur l’île grecque de Lesbos a connu un épisode dramatique. Un petit commerce ambulant aurait provoqué un incendie dont une femme et son nouveau né auraient été les victimes. Un drame qui a entraîné des émeutes dans ce camp surpeuplé où les tensions sont donc forcément nombreuses. Ces événements ont été au cœur d’une réunion gouvernementale d’urgence qui a réuni les ministres grecs à Athènes, ce lundi. Une réunion qui pourrait déboucher sur un changement fondamental de politique migratoire en Grèce. En effet, le communiqué de presse publié à l’issue de ce conseil des ministres exceptionnel assure que « de 1 806 retours en quatre ans et demi sous le précédent gouvernement Syriza », la nouvelle majorité dirigée par le conservateur Kyriakos Mitsotakis, entend passer « à 10 000 retours jusqu’à fin 2020 ».
Ce jour même, le ministre adjoint à la protection civile, Lefteris Oikonomou, a déclaré que le pays vivait sa « pire période » migratoire depuis l’accord signé entre l’Union européenne et la Turquie en 2016. La Grèce accueillerait aujourd’hui 70 000 migrants. Une charge bien lourde dans un pays en proie à des problèmes économiques abyssaux. Ainsi, ce sont 10 000 migrants qui pourraient être renvoyés en Turquie au cours des quinze prochains mois.
L’accord conclu entre Ankara et Bruxelles dispose que les migrants illégaux arrivés sur les îles grecques proches de la Turquie (Lesbos, Kos, Leros, Samos, etc.) peuvent être renvoyés en Turquie, un pays considéré comme « sûr » y compris pour les réfugiés venus de Syrie. Cet accord avait eu pour effet de diminuer très fortement l’afflux de migrants, mais les chiffres repartent à la hausse et le changement de gouvernement à Athènes devrait déboucher sur une politique plus dure.
Le gouvernement de gauche d’Alexis Tsipras considérait que l’accord avec la Turquie ne s’appliquait pas aux migrants déboutés du droit d’asile s’ils ne se trouvaient plus physiquement sur l’île de leur arrivée. Cette lecture les services de l’asile débordés ont ainsi entraîné une présence toujours plus nombreuse de migrants dans les camps avec les conséquences parfois dramatiques que ces conditions difficiles risquent de créer malheureusement.