La Chine à l’assaut de l’énergie européenne

L’Europe serait-elle victime d’un problème d’attractivité ? Les gouvernements européens ne cessent de chercher des investisseurs étrangers avec l’espoir de se prémunir d’un chômage de masse. Le succès semble être total dans un secteur aussi stratégique que commenté : l’énergie. Les investissements étrangers y sont nombreux et la Chine est le partenaire le plus actif. A tel point qu’il commence à faire peur certains pays européens soucieux de préserver leur indépendance énergétique.
C’est une enquête passionnante à laquelle s’est livrée Le Monde. Le journal a avancé des chiffres et donné des exemples qui illustrent l’appétit de la Chine pour le domaine de l’énergie en Europe. L’Empire du Milieu s’est implanté dans une vingtaine de pays au cours des dernières années avec pour idée fixe de contrôler autant que faire se peut les réseaux et de rester un acteur incontournable dans les énergies renouvelables. Un double objectif inspiré par l’Etat central chinois qui n’oublie pas de placer ses intérêts dans le nucléaire avec notamment le Royaume-Uni comme tête de pont européen.
Depuis 2011, ce sont 34,5 milliards d’euros qui ont été investis par les entreprises chinoises dans le seul secteur énergétique européen. L’acteur principal de cette course à l’Europe est un inconnu du grand public, State Grid Corporation of China (SGCC), qui a les moyens de ses ambitions avec près de 350 milliards de revenu en 2017 et un million de salariés. Le géant chinois a notamment été à la manœuvre pour entrer en juillet dernier au capital d’un réseau haute tension en Allemagne. Une possibilité qui a été vivement écartée par Berlin, mais qui est accueillie avec envie dans de nombreux autres pays européens.
Les plus ouverts sont en premier lieu sont qui ont le plus souffert de la crise économique. Le Portugal et la Grèce ont vu débarqué les dizaines de millions d’euros d’investissements avec ravissement même si les choses peuvent parfois se compliquer. Ainsi, au Portugal, l’entreprise chinoise China Three Gorges (CTG) est en pleine bataille pour prendre le contrôle du principal énergéticien du pays. Des obstacles se dressent encore devant cette opération à 9 milliards d’euros, mais les autorités portugaises sont enclines à la faciliter.
Les réseaux attirent les investissements chinois, mais le développement des énergies renouvelables n’est pas en reste avec des investissements d’environ 8,6 milliards de dollars au cours des dix dernières années. La Chine se place aussi sur le (petit) marché pétrolier européen avec la Norvège et la Roumanie, mais c’est bien le nucléaire qui attise les convoitises. La Roumanie et le Royaume-Uni ont ouvert leur porte dans le domaine de l’atome et la China General Nuclear Power Corporation a permis de boucler le projet de centrale à Hinkley Point en prenant 33 % de participations. Le nucléaire nouvelle génération est une cible prioritaire de la Chine qui entend être le premier acteur mondial au cours des prochaines décennies.