Scènes de guerre au large de la Crimée entre la Russie et l’Ukraine

Le conflit entre la Russie et l’Ukraine entamé en 2014 connaît un regain de tensions particulièrement spectaculaire avec l’arraisonnement de trois navires de guerre ukrainiens par la marine russe. Les faits se sont déroulés dans la région sensible du détroit de Kerch, passage obligé entre la mer Noire et la mer d’Azov. Moscou et Kiev dénoncent une attaque de l’autre partie et la crainte d’une escalade militaire est dans tous les esprits.
Le 25 novembre, le détroit de Kerch qui sépare la Russie de la Crimée a été le théâtre d’une violente passe d’armes entre des bâtiments militaires russes et ukrainiens. Trois vaisseaux ukrainiens ont été capturés après un choc entre deux bateaux et des tirs de marins russes contre les militaires ukrainiens. Six marins ukrainiens ont été blessés et vingt-trois ont été capturés à l’issue de cette opération qui fait craindre une escalade militaire entre les deux pays.
L’Ukraine dénonce cet acte hostile et illégale en s’appuyant sur un traité de 2003 signé avec la Russie qui dispose que les deux pays ont le droit d’être présents en mer d’Azov (et donc de passer par le détroit de Kerch). La Russie estime quand à elle que le passage « forcé » du détroit constitue une violation du droit maritime international dans la mesure où les bâtiments ukrainiens se situaient dans les eaux territoriales russes. Chacun campe sur ses positions, et les craintes de voir le conflit s’embraser de nouveau s’emparent même du Conseil de Sécurité de l’ONU et de l’OTAN.
L’alliance militaire atlantique a appelé la Russie à libérer les marins et les vaisseaux ukrainiens capturés. Une demande qui risque de ne pas être entendue par Moscou qui estime que l’Ukraine s’est livrée à une « provocation ». Cette dernière aurait pour double objectif d’amener à de nouvelles sanctions contre la Russie de la part de l’Union européenne et des Etats-Unis et de renforcer le pouvoir chancelant du président ukrainien Petro Porochenko. Ce dernier est très mal engagé pour une réélection en mars prochain et dans les cercles proches du Kremlin, il se murmure qu’une importante escalade des tensions pourrait servir au jeu personnel du chef de l’Etat ukrainien.
Une thèse en partie vérifiée par le vote du Parlement ukrainien de la loi martiale pour toutes les régions frontalières (le président Porochenko voulait qu’elle s’applique à l’ensemble du pays). Une mesure jamais prise depuis l’indépendance de l’Ukraine en 1991 qui vise selon les autorités ukrainiennes à éviter une attaque terrestre de grande ampleur de la part de la Russie. Une attaque qui pourrait s’appuyer sur la domination russe de la mer d’Azov. Beaucoup d’incertitudes demeurent et la moindre étincelle pourrait faire sombrer la région dans le chaos d’une guerre généralisée.