Pape François au Kazakhstan : un discours sous le sceau de la paix, du dialogue interconfessionnel et du désarmement nucléaire

Pape François au Kazakhstan : un discours sous le sceau de la paix, du dialogue interconfessionnel et du désarmement nucléaire

Alors que la guerre en Ukraine fait rage, le souverain pontife a livré un vibrant plaidoyer en faveur de la paix lors du Congrès des religions mondiales, tout en rappelant les grands enjeux auxquelles l’humanité fait, dans son ensemble, face.

C’est un pape fatigué – François a fait son entrée en fauteuil roulant – mais combatif qui a, sous les ors du palais présidentiel du Kazakhstan, livré un dense discours en ouverture du VIIe Congrès des chefs des religions mondiales et traditionnelles. Un grand raout qui, comme son nom l’indique, rassemble tous les trois ans plus d’une centaine de délégations en provenance de cinquante pays, composées de représentants gouvernementaux, civils, culturels et bien sûr des principales traditions spirituelles mondiales : islam, christianisme, judaïsme, bouddhisme, hindouisme, etc. Se tenant du 14 au 15 septembre à Astana, la capitale kazakhe, l’édition 2022 avait pour thème « Le rôle des leaders des religions (…) dans le développement spirituel et social de l’humanité dans la période post-pandémique ».

Un vaste programme qui n’a, de toute évidence, pas impressionné un souverain pontife dont le déclin physique n’a en rien entamé la volonté de paix. Déplorant la « folle et tragique guerre » qui ravage l’Ukraine, François a axé son discours sur la nécessité d’une paix durable, ainsi que sur « l’urgence » du « dialogue » et de la « rencontre », conditions sine qua non, selon lui, pour « atténuer les conflits ». Faisant mine d’ignorer la présence, dans l’auditoire, d’un certain nombre de hauts dirigeants mondiaux, le pape a également estimé que « celui qui détient le plus de pouvoir au monde a plus de responsabilités à l’égard des autres, spécialement des pays les plus en crise à cause des logiques conflictuelles ». « Nous avons besoin de leaders qui (…) permettent aux peuples de se comprendre et de dialoguer », a encore lancé François.

Quand François appelle le monde à imiter la « symphonie extraordinaire » kazakhe

Pour convenu qu’il ait été, l’appel du pape à la paix n’en résonnait pas moins fortement à Astana, capitale d’un pays littéralement cerné par les puissances belliqueuses que sont la Chine et la Russie, dont les ambitions impérialistes de plus en plus assumées bouleversent les équilibres internationaux. Un particularisme géographique et historique qui n’a pas échappé à François, qui s’est évertué à honorer dans son allocution la résilience et l’esprit de paix qui caractérisent, selon lui, le peuple kazakh. Convoquant le souvenir du goulag, le pape a ainsi salué « les Kazakhs (qui) ne se sont pas laissés emprisonner par ces exactions : le soin pour l’inclusion a fleuri de la mémoire de la réclusion ». Une allusion explicite à la coexistence pacifique de multiples minorités ethniques et religieuses au sein de ce pays à majorité musulmane.

« Avec 150 groupes ethniques, 80 langues, (le Kazakhstan) est un laboratoire multiethnique, multiculturel et multireligieux unique », a encore relevé le souverain pontife, appelant le monde entier à s’inspirer de ce qu’il a lui-même qualifié de « symphonie extraordinaire ». Sans passer sous silence les efforts que les autorités kazakhes doivent encore entreprendre en matière de lutte contre la corruption ou de respect des droits de l’homme, François a tenu à saluer les réformes entamées par le président Kassym-Jomart Tokayev depuis les violentes émeutes de janvier dernier, tout en louant la « laïcité saine » traditionnellement promue dans le pays ainsi que le multilatéralisme qui caractérise, traditionnellement aussi, sa diplomatie – une exception dans un paysage géopolitique marqué par la remontée en puissance des grands blocs hégémoniques que l’on pensait, à tort, peu ou prou disparus depuis la fin de la guerre froide.

Préserver notre « maison commune »

Félicitant les dirigeants kazakhs pour l’abolition récente de la peine de mort ou leur contribution dans le processus de désarmement nucléaire, François a également brossé un panorama des grands enjeux qui affectent ou affecteront bientôt l’humanité dans son ensemble : les conflits, bien-sûr, mais aussi les « fausses présomptions de toute-puissance suscitées par des progrès technologiques », le sort réservé aux migrants ou aux personnes âgées confrontés à « l’encens sacrilège de l’indifférence », ou encore la plus urgente que jamais préservation de la « maison commune pour la vie » qu’est la planète Terre. « Unissons également nos efforts pour ce défi », sans doute le plus considérable auquel les hommes ont été confrontés de leur histoire, a conclu François, pour qui ce déplacement au Kazakhstan représentait, peut-être, l’un des derniers grands moments de son pontificat.

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