Chine-Japon ou la volonté de normalisation

Ce 25 octobre 2018 restera peut-être dans l’histoire de la sinueuse relation sino-japonaise grâce au voyage de trois jours entamé par le Premier ministre japonais en Chine. C’est la première fois depuis sept ans qu’un chef de Gouvernement japonais est invité en Chine. Cette venue marque une normalisation des relations souhaitée par deux voisins inquiets de la trajectoire suivie par les Etats-Unis. Deux pays aux économies quelque peu fragiles qui ont intérêt à développer des liens plus étroits.
La politique de Donald Trump ne laisse aucun dirigeant indifférent. La Chine et le Japon ne font pas exception et c’est dans un contexte international inhabituel que les deux premières puissances asiatiques se rencontrent. La Chine est le principal objet de la guerre commerciale lancée par le président américain depuis six mois. Une position inconfortable qui pousse les dirigeants chinois à rétablir des ponts jusque-là coupés ou au moins difficiles d’accès avec le Japon. Tokyo a évité la brouille avec son partenaire américain, mais les soubresauts venus de Washington et le marasme économique japonais inquiètent.
Ainsi, tous les éléments sont réunis pour que les deux ennemis d’hier reprennent le chemin du dialogue. Le Premier ministre Shinzo Abe sera reçu aujourd’hui par son homologue chinois avant une rencontre prévue demain avec le président Xi Jinping. Les deux hommes ne se sont vus qu’en marge de sommets internationaux et décident aujourd’hui de dépasser les vives tensions survenues en 2012 après la « nationalisation » par le Japon des îles Senkaku. Ces petites îles inhabitées (appelées Diaoyu en mandarin) sont également revendiquées par la Chine. De vastes manifestations avaient eu lieu en 2012 et les deux gouvernements avaient alors entamé une nouvelle ère glaciale.
Les questions territoriales ne devraient pas être mises sur la table à l’occasion de ce déplacement de trois jours. L’économie sera au cœur de toutes les discussions. Avec une croissance de l’ordre de 6 %, la Chine doit trouver de nouveaux déboucher et espère obtenir des technologies de pointe issues du Japon. Pékin espère donner de l’air à ses entreprises qui pourraient utiliser la main d’œuvre chinoise pour gagner en compétitivité. Les attentes de ces deux voisins et partenaires sont donc complémentaires et si les questions géopolitiques sont évitées avec soin, le résultat de ce voyage japonais en Chine pourrait être très positif.