Le Conseil de l’Europe lève les sanctions contre une Russie jubilatoire

Après cinq années d’absence, la Russie fait son grand retour au sein du Conseil de l’Europe. Les menaces des parlementaires ukrainiens et les protestations des représentants de nombreux pays européens n’auront pas suffi à faire plier le Conseil de l’Europe. Sanctionnée à la suite de l’annexion de la Crimée en 2014, la Russie a finalement réussi son pari en faisant réintégrer ses vingt-cinq représentants au sein de l’institution strasbourgeoise. Une issue qui réjouit une délégation russe aux accents triomphants.
« Ici, nous ne traitons pas de géopolitique, les valeurs que nous défendons sont les valeurs des droits de l’homme », a assuré la secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Amélie de Montchalin. « Il ne s’agit pas d’un débat pour ou contre la Russie ». Avec une ouverture de séance sous ces auspices, le résultat du vote relatif à la levée des sanctions contre la Russie par le Conseil de l’Europe ne laissait place qu’à peu de doutes.
Une impression confirmée dans la nuit par 118 voix contre 62 (10 abstentions) après une dizaine d’heures de débats. Les nerfs à vif, certains parlementaires n’ont pas hésité à recourir aux insultes, mais les protestations n’ont finalement pas eu l’écho espéré au regard des enjeux dans la balance. Car les sanctions contre la Russie qui ont empêché ses représentants de garder leur droit de vote au sein de l’Assemblée « n’ont pas été efficaces » selon la sénatrice belge Petra De Sutter, rapporteuse du texte qui a finalement débouché sur la réintégration de la Russie. Si la réponse de cette instance n’a pas porté ses fruits, certains se demandent pourquoi abandonner une position qui met quand même à mal le pouvoir d’influence de Moscou.
Avant même le vote, la délégation russe, sûre de son fait était visible dans l’un des aéroports moscovite afin de se rendre à Strasbourg. Le Vice-président de la Douma et membre de la délégation russe du Conseil de l’Europe, Piotr Tolstoï, ne cachait pas sa satisfaction : « Nous allons à Strasbourg pour aider nos partenaires à surmonter la crise qui mine l’institution, qui semble s’ennuyer de nous, sans pays à accuser de tous les maux… Aucune question en Europe ne peut être résolue sans le pays le plus grand ». Des propos triomphalistes qui s’entendent à la lecture du retournement de situation dont bénéficie aujourd’hui la Russie.
En effet, en plus de se voir réintégrée pleinement, la Russie est désormais bien moins exposée à d’éventuelles futures sanctions dans la mesure où le texte voté lundi prévoit que des sanctions ne seront possibles que si l’ensemble des organes du Conseil de l’Europe est d’accord. Cette décision vaut bien évidemment pour tous les pays, mais la Russie en est la première bénéficiaire. Le chef d’Etat ukrainien a regretté cette prise de position et la délégation ukrainienne a décidé de suspendre ses travaux en guise de protestation. Son chef, Volodymyr Ariev, a d’ailleurs dénoncé un « festival d’hypocrisie » pour un Conseil de l’Europe censé défendre le droit et les droits de l’Homme.