Immigration : Macron dessine un axe Paris-Rome

A la veille d’un mini sommet européen dédié à la vague migratoire, le président français et le nouveau Premier ministre espagnol se sont rencontrés afin d’échanger sur ce sujet hautement sensible. Les deux hommes sont sur la même ligne et appellent à une plus grande solidarité des pays qui voient débarquer de nombreux migrants issus de l’autre rive de la Méditerranée. L’Italie est dans le viseur de Paris alors qu’un nouveau navire fait l’objet de jeux diplomatiques similaires à ceux de l’Aquarius il y a quelques jours.
Comment et où accueillir les migrants qui franchissent au risque de leur vie la Méditerranée ? Depuis le début de la vague migratoire en 2015, l’Union européenne a été incapable de donner une réponse unie et cohérente. Chaque pays pratique sa propre politique migratoire au gré des changements de majorité et des polémiques. Alors que l’Italie a placé un gouvernement qui ne cache pas son hostilité à l’immigration clandestine, le tout nouveau gouvernement espagnol est beaucoup plus ouvert sur le sujet. Ainsi, le Premier ministre Pedro Sanchez est vite apparu comme un allié de circonstance d’un président français en position délicate.
Plutôt favorable à l’immigration, Emmanuel Macron tente depuis quelques temps de resserrer les liens avec Berlin. Mais la politique menée par Angela Merkel sur le sujet a fini par la fragiliser et le président français se cherche des alliés de circonstances. L’arrivée du socialiste Pedro Sanchez au pouvoir en Espagne constitue une bonne nouvelle de ce point de vue. L’Aquarius et ses plus de 250 migrants a été refoulé des côtes italiennes pour finalement venir débarquer dans le port espagnol de Valence (après un long et remarqué silence des autorités françaises).
La politique accommodante de l’Espagne n’est pourtant pas du goût de nombreux pays européens parmi lesquels ceux d’Europe centrale qui ont décidé de ne pas venir au mini sommet européen qui s’ouvre aujourd’hui. L’Italie sera au cœur des discussions et devrait continuer à être l’objet des remontrances de Paris et Madrid. Hier, le président français a mis en garde Rome et s’est déclaré favorable à des sanctions financières : « On ne peut avoir des pays qui bénéficient massivement de la solidarité de l’UE et qui revendiquent massivement leur égoïsme national quand il s’agit de sujets migratoires ».
Le ton à Madrid est le même alors qu’un autre navire d’une ONG battant pavillon hollandais ne sait toujours pas dans quel pays débarquer quand bien même plusieurs centaines de migrants ont été récupérés en mer. Une récupération illégale selon l’Italie puisque les garde-côtes libyens étaient sur le point d’intercepter les embarcations au moment où les migrants ont été pris en charge par le navire néerlandais. La tension devrait monter encore d’un cran aujourd’hui.