Un rapatriement à la nord-coréenne qui pose problème en Italie
Les défections au sein du régime nord-coréen ne sont pas rares, mais celle de Jo Song Gil embarrasse les autorités italiennes. En effet, peu après sa défection en novembre 2018, la fille de l’ancien diplomate nord-coréen aurait été ramenée de force à Pyongyang par les services fidèles à Kim Jong Un. Un « rapatriement » qui ressemble étrangement à un kidnapping qui s’est fait au nez et à la barbe du gouvernement italien.
Le régime nord-coréen est connu pour être impitoyable et téméraire lorsqu’il s’agit de procéder à des opérations aussi illégales que risquées sur un sol étranger. L’Italie l’a appris à ses dépens fin 2018 avec l’enlèvement d’une mineure de 17 ans dont le seul crime est d’être la fille de Jo Song Gil. Ambassadeur de Corée du nord à Rome depuis 2015, Jo Song Gil aurait fait défection le 10 novembre 2018 en compagnie de sa femme. L’information a été confirmée par les services secrets sud-coréens à des membres du Parlement.
L’affaire aurait pu s’arrêter là, mais quatre jours plus tard, soit le 14 novembre 2018, la fille du diplomate aurait été ramenée de force à Pyongyang par du personnel féminin nord-coréen. Un kidnapping qui ne dit pas vraiment son nom et qui embarrasse aujourd’hui les autorités italiennes critiquées pour ne pas avoir su empêcher un tel acte sur son territoire. Le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini dit n’avoir aucune information sur cette affaire et écarte ainsi les demandes de certains parlementaires de l’auditionner.
L’Italie est coupable d’une certaine négligence d’autant qu’une affaire relativement comparable avait déjà touché le pays en 2013. La femme d’un oligarque kazakh avait été ramenée de force dans le pays pour faire pression sur son mari recherché par la justice. Le Gouvernement Letta avait essuyé de nombreuses critiques et en était ressorti très affaibli. Personne ne sait ce qu’il est advenu de la fille de Jo Song Gil depuis son retour en Corée du nord. Ses parents se cachent et nul ne sait s’ils sont encore en Italie ou s’ils ont rejoins un pays tiers désireux de les accueillir discrètement en compensation de secrets d’Etat sur le régime de Pyongyang.