La Serbie et le Kosovo sous haute tension

Les Balkans connaissent un fort regain de tensions depuis que le Parlement kosovar a décidé de la création d’une armée régulière. Cette décision n’est pas du tout du goût de la Serbie qui ne reconnaît pas l’indépendance du Kosovo arrachée à Belgrade. Une réunion d’urgence du Conseil de Sécurité des Nations Unies a eu lieu ce lundi. Les deux pays restent sur leur position, car soutenus par leurs alliés traditionnels. Les Balkans voient ainsi ressurgir le spectre de la guerre.
Fait rarissime, les présidents serbe et kosovar se sont retrouvés dans la même salle en ce lundi 17 décembre 2018. L’occasion n’était pas à la célébration d’une paix entre les deux ennemis, mais bien au contraire à la montée des tensions. Belgrade accuse Pristina de saboter un semblant de paix en ayant voté l’instauration d’une armée en remplacement des forces de sécurité kosovares. Ces dernières sont fortes de 2 500 hommes tandis que l’armée appelée de ses vœux par le Parlement kosovar devrait compter 5 000 hommes et 3 000 réservistes. Le président serbe, Aleksandar Vucic, s’est déclaré « inquiet » et a même fait par de sa « peur » au sujet de « l’avenir (…) de l’ensemble de la région ».
Des inquiétudes balayées d’un revers de main par son homologue kosovar, Hashim Thaci, qui jure que « l’armée du Kosovo va contribuer à la stabilité de la région ». Les positions semblent irréconciliables d’autant que le « dialogue » devient difficile avec des alliés qui poussent à ne pas faire de compromis. La Russie assure que la décision kosovare constitue « une violation gravissime de la résolution 1244 de 1999 et que Belgrade sera obligé de se défendre si des « unités pénètrent dans les zones serbes ».
Le Kosovo bénéficie, lui, du soutien des Etats-Unis et de certains membres de l’Union européenne à l’image de l’Allemagne, du Royaume-Uni et de la France. Des pays qui appellent aussi au dialogue après avoir contribué à la montée de tensions déplorée même par l’OTAN. Présente au Kosovo depuis 1999, l’Organisation estime que « la création de l’armée du Kosovo aurait dû se faire plus progressivement ». La Chine, membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU a demandé aux deux principaux protagonistes d’éviter l’escalade verbale. Des mots qui peuvent en effet annoncer le fracas des armes dans une région encore traumatisée par la guerre.
Un nouveau point de tension entre l’Occident et la Russie apparaît donc sur la carte et l’histoire a montré que les événements pouvaient vite dégénérer dans une région du monde qui ne laisse guère les grandes puissantes indifférentes.