Rupture entre les Patriarcats de Moscou et de Constantinople

C’est une rupture très politique aux conséquences religieuses certaines qui se produit actuellement. L’orthodoxie est en ébullition depuis le déclenchement du conflit armée en Ukraine. Un conflit entre deux nations sœurs qui partagent une même religion et qui débouche aujourd’hui sur une séparation entre les Patriarcats de Moscou et de Constantinople. Un schisme qui ne dit pas son nom, mais aux innombrables effets.
Avec environ 200 millions de fidèles, l’orthodoxie est la troisième plus grande confession chrétienne à travers le monde derrière le catholicisme et le protestantisme. Des fidèles qui sont toutefois divisés entre Patriarcats et Eglises autocéphales. Les Patriarcats de Constantinople et de Moscou entretiennent depuis des siècles des rapports conflictuels afin de savoir qui aura la primauté sur les Orthodoxes. De part son ancienneté (fondatrice de l’orthodoxie), le Patriarcat de Constantinople garde une uniquement primauté honorifique. Le Patriarcat de Moscou en prend parfois ombrage, mais c’est sur le terrain politique que les choses ont rapidement dégénéré au cours de ces derniers mois.
Tout commence avec le conflit dans l’Est de l’Ukraine. Une guerre justifiée par le Patriarche de Moscou quand bien même les Ukrainiens sont orthodoxes et rattachés à son Patriarcat. Une prise de position incroyable et une guerre qui alimente les passions destructrices entre la Russie et l’Ukraine. Désireuse de quitter le giron du Patriarcat de Moscou, l’Eglise orthodoxe ukrainienne a déclaré son indépendance. Une indépendance reconnue la semaine dernière par le Patriarcat de Constantinople…
Ainsi, cette reconnaissance constitue le motif de rupture entre Moscou et Constantinople. Une rupture signifiée à Minsk par le métropolite Hilarion, chargé de la diplomatie du patriarcat de Moscou. Le Patriarcat de Constantinople est « en situation de schisme » et ne peut « garder contact » avec celui de Moscou. Cela a des conséquences directes sur les fidèles puisqu’il ne leur sera plus possible de communier dans une église relevant du Patriarcat de Constantinople.
Le métropolite Hilarion assure également que « Nous ne pouvons plus célébrer d’office en commun, nos prêtres ne pourront plus participer aux liturgies avec des hiérarques du Patriarcat de Constantinople ». La rupture qui se profilait depuis des mois est donc consommée et pourrait bien être définitive. Il est en effet très difficile de réconcilier deux branches qui estiment que l’autre est schismatique. Les vielles querelles perdurent à travers les âges et entraînent une méconnaissance des autres au sein de la chrétienté.