Bruits de bottes aux portes de Hong Kong

La tension augmente d’un cran à Hong Kong avec la nouvelle d’un stationnement de forces armées chinoises à la frontière qui sépare Hong Kong du reste du continent. L’information a été relayée par les télévisions chinoises et confirmée par le président américain. Ce rassemblement spectaculaire est-il le signe d’une prochaine répression du mouvement pro-démocratie ou s’agit-il d’un moyen de faire pression sur les esprits hongkongais qui ne cèdent toujours pas devant les injonctions de leur gouvernement et de Pékin ?
Sans aucun doute, Hong Kong vit sa crise la plus grave depuis sa rétrocession à la Chine en 1997. Depuis cette date les Hongkongais jouissent d’une relative liberté (d’expression), mais les craintes de voir cet oasis se faner sont toujours plus grandes à mesure que la réaction de Pékin est stricte. Depuis plusieurs heures, l’inquiétude est particulièrement vive avec des images de l’armée chinoise se regroupant aux portes de Hong Kong. La télévision d’Etat chinoise a été la première à les divulguer et certains estiment qu’il s’agit là d’une opération de propagande destinée à décourager les esprits rebelles.
En substance, le message de la Chine est clair : rien ne sera lâché aux manifestants hongkongais. Mais du message au coup de force, il n’y a qu’un pas que les troupes chinoises pourraient bien franchir. Le président américain a mis en garde contre une telle éventualité même si les mots choisis sont pour une fois éloignés de la rhétorique guerrière. Hier, il a tweeté : « Nos services de renseignement nous ont informé du fait que le gouvernement chinois était en train de déployer des soldats à la frontière avec Hong Kong. Tout le monde devrait rester calme et en sécurité ! ».
Le président américain s’est jusque-là bien gardé de provoquer une Chine très susceptible au sujet de Hong Kong, mais il se dit que Pékin serait de plus en plus énervé par le soutien en sous-main dont bénéficieraient les manifestants de la part de Washington. Un énervement qui n’a rien d’officiel, mais les médias chinois donnent le ton. Depuis plusieurs jours, les discours sont de plus en plus enflammés et ne laissent présager rien de bon. Dans son édition en mandarin de mardi, le journal Global Times n’a pas hésité à titrer sur « Les prémices du terrorisme menacent Hongkong » et à qualifier les manifestants de « meute de chacals revêtue de peaux de moutons » dont « le moment est venu de leur régler leur compte ». Hong Kong n’est pas à l’abri d’un nouvel épisode sanglant.