Brexit : dans l’impasse, May veut passer en force

Comme redouté, cette semaine est une des plus difficiles de la carrière politique de Theresa May. La Première ministre britannique a essuyé deux échecs cuisants en l’espace de deux jours. Mardi, l’accord sur le Brexit négocié avec Bruxelles a été une seconde fois rejeté massivement par les députés, lesquels ont ensuite voté l’interdiction d’un Brexit sans accord. Le gouvernement, lâché par une partie de sa majorité, est dans l’impasse mais Theresa May compte peut-être sur la peur pour pousser les pro-Brexit à se ranger à ses côtés.
Au Royaume-Uni, la vie politique s’est complexifiée grandement depuis que les électeurs ont voté à 52 % en faveur de la sortie du pays de l’Union européenne. La majorité conservatrice se déchire et de retrouve en partie à voter avec l’opposition qui est loin d’être monolithique. Les anti-Brexit ne désarment pas et voient leurs rangs se renforcer au gré des votes avec l’arrivée de parlementaires pro-Brexit qui refusent de valider l’accord négocié par Theresa May. C’est le scenario qui s’est une nouvelle fois produit ce mardi lorsque le texte présenté par la Première ministre a été rejeté à 432 voix contre 202. Un rejet encore plus massif que le premier le 15 janvier dernier. L’échec est d’autant plus redoutable qu’il a été suivi d’un second revers de taille pour May.
Comme prévu en cas de rejet de l’accord, les parlementaires se sont prononcés le lendemain sur la possibilité d’un Brexit sans contrat de rupture avec l’UE. Et là encore, les députés ont voté non à un texte qui a été amendé et qui interdit désormais de sortir de l’UE sans accord. Pas de sortie validée ni de sortie sans accord, Theresa May est dans l’impasse et voit son autorité laminée par une majorité en lambeaux et même des ministres qui ne suivent pas ses consignes. Pourtant, la Première ministre persiste et signe et a d’ores et déjà exprimé son intention de faire voter une troisième fois les parlementaires sur un accord de Brexit rejeté deux fois…
A priori, ce troisième essai devrait être aussi peu concluant que les précédents. Cependant, la Première ministre entend constituer une majorité en procédant à un troisième vote cette semaine qui a pour objet de reporter la date butoir du 29 mars pour l’entrée en vigueur du Brexit. Un report jusqu’au 30 juin à condition que l’accord sur le Brexit soit voté avant le 20 mars. May compte sur la peur d’un nouveau rejet qui aurait pour conséquence d’envoyer aux calendes grecques une sortie de l’UE. Une perspective qui pourrait bien mobiliser les pro-Brexit qui se montrent jusqu’à aujourd’hui intraitables quand aux conditions de sortie. Theresa May joue sa dernière carte avec un résultat qui sortirait enfin le pays de l’UE ou le plongerait dans une crise encore plus inextricable.