Quel avenir pour le grand débat et la crise des gilets jaunes ?

Quel avenir pour le grand débat et la crise des gilets jaunes ?

Empêtré dans la crise des « gilets jaunes » qu’il n’a pas vu venir, le président français engage une initiative originale avec le lancement d’un « grand débat ». L’idée est d’en terminer avec l’occupation des ronds-points et les manifestations hebdomadaires grâce à un débat qui aura lieu du 15 janvier au 15 mars. A la veille de l’ouverture de ce « grand débat » national, de nombreuses questions quant à l’intérêt et à l’organisation se posent toujours.

La crise des gilets jaunes ne répond à aucun canon de la mobilisation sociale connu des hommes politiques. C’est certainement pour cette raison que l’exécutif français répond à contretemps et avec une réelle maladresse depuis le début du mouvement en novembre 2018. Initiée autour de la hausse des taxes sur le carburant, la contestation est désormais bien plus large et pose des questions politiques, économiques et sociales très variées. Sans cesse en retard, le gouvernement a semble-t-il perdu le fil et c’est au chef de l’Etat de le retrouver avec l’idée d’un grand débat qui doit mobiliser l’ensemble du pays.

A la veille de son ouverture, c’est surtout le flou qui prédomine. Les Français ne connaissent toujours pas les modalités concrètes qui vont permettre cette expression originale et le gouvernement n’a pas donné les garanties d’un dialogue serein et impartial. Plusieurs ministres ont d’ores et déjà annoncé que certains thèmes n’entreraient pas dans le champ des discussions tandis que le président a fait comprendre qu’il ne reviendrait pas sur les mesures prises depuis son accession au pouvoir en mai 2018. Le débat semble donc limité, pour ne pas dire étriqué.

Cela explique certainement qu’une majorité de Français ne souhaitent pas y participer. La démission de Chantal Jouanno qui devait s’assurer de l’impartialité des débats a été perçue comme un camouflet par l’exécutif et la lettre du président de la République publiée hier peine à convaincre à en croire les premiers commentaires qui remontent. Le grand débat n’est pas perdu, mais il devra commencer sur de meilleures bases afin de ne pas couler dès sa sortie du port. La prochaine journée de mobilisation prévue le samedi 19 janvier – la première après l’ouverture du grand débat – sera un test pour les gilets jaunes et le pouvoir.

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