L’Italie veut surfer sur le dérapage budgétaire français

L’Italie veut surfer sur le dérapage budgétaire français

Alors que Rome est en conflit avec la Commission européenne depuis plusieurs semaines concernant son budget 2019, elle pourrait finalement recevoir une aide inattendue de la part de Paris. En effet, le gouvernement français vient d’ouvrir une nouvelle ligne à son budget 2019 en réponse à la crise des gilets jaunes. Or, les dix milliards d’euros supplémentaires sur la table vont faire grimper le déficit à au moins 3,4 % du PIB. Un dérapage dont compte bien profiter le gouvernement italien.

Les annonces du président de la République française destinée à répondre au mouvement des gilets jaunes ont été chiffrées par le gouvernement. Devant les sénateurs, le ministre des Comptes publics a déclaré que le coût de ces mesures serait de 10 milliards d’euros. Des dépenses imprévues qui vont faire gonfler le déficit à 3,4 % du PIB si aucune économie n’est faite. Le signal est désastreux vis-à-vis de l’Union européenne qui a longtemps vu la France soumise à une procédure pour déficit excessif. Sortie de la zone rouge pendant seulement un an, elle semble devoir y replonger irrémédiablement.

Le président Macron est en difficulté et c’est le Vice-Premier ministre italien qui se rappelle à son bon souvenir. Matteo Salvini a déclaré qu’ « il serait inacceptable que l’Europe adopte deux comportements différents avec Paris et Rome. Je ne peux imaginer que l’on ferme les yeux sur Emmanuel Macron, en imposant des sanctions inacceptables à l’Italie ». Et c’est ainsi que les difficultés politico-budgétaires françaises vont peut-être pouvoir profiter à l’Italie. Cette dernière a présenté il y a plusieurs semaines un budget qui admet un déficit de 2,4 % et qui a été rejeté par la Commission européenne.

Le déficit est en-dessous de la règle des 3 %, mais Bruxelles s’inquiète de la dette italienne qui a déjà atteint plus 130 % du PIB. La dette française est de près de 100 %, ce qui lui laisse encore une petite marge. La Commission, par l’intermédiaire de son Commissaire aux affaires économiques a répondu à Matteo Salvini en assurant qu’il n’y aurait « pas deux poids, deux mesures, les règles sont les mêmes pour tous ». Pierre Moscovici confirme qu’ «  il est hors de question d’avoir un traitement privilégié pour les uns et exagérément sévère pour les autres, même si [les règles] sont assez subtiles et complexes, j’en conviens ».

Assez subtiles pour donner l’impression que la Commission réagit plus en fonction de critères politiques qu’économiques et financiers ? Cela reste possible d’autant plus que le Premier ministre italien a finalement décidé de revoir sa copie et de faire passer le déficit 2019 à 2,04 % du PIB. Rome joue avec une certaine subtilité entre un Giuseppe Conti qui se montre plus souple et un Matteo Salvini qui menace : « Je refuse d’imaginer qu’on fasse semblant de rien devant les demandes ‘milliardaires’ qui arrivent d’un Macron en difficulté évidente et qu’on s’en prenne aux poches des Italiens ». La balle est dans le camp de la Commission pour l’évaluation des nouveaux budgets italien et français.

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