La nouvelle Commission européenne se forme, la première polémique aussi

La constitution d’un gouvernement est un exercice d’équilibriste très compliqué. La formation de la Commission européenne est encore bien plus difficile, car en plus des compétences et des équilibres politiques, il faut piocher un commissaire chez chaque pays membre de l’UE. Ce travail est du ressort d’Ursula von der Lynen, nouvelle présidente de la Commission qui a finalement présenté son équipe ce mardi 10 septembre. Si tous les choix sont commentés, celui portant sur l’immigration fait polémique.
L’Union européenne est confrontée à des enjeux très lourds et pressants. Parmi eux, l’immigration retient énormément l’attention avec plusieurs pays du sud de l’Europe exposés aux vagues migratoires. La Grèce est aux premières loges de ce phénomène et c’est un de ses ressortissants qui a obtenu le portefeuille en charge de la question. Membre du parti grec conservateur Nouvelle Démocratie, Margaritis Schinas ne traîne pas une réputation sulfureuse. Il va désormais devoir composer avec l’intitulé d’un poste qui suscite une levée de bouclier à gauche.
Commissaire à la Protection du mode de vie européen. C’est ainsi que Margaritis Schinas sera appelé. Une dénomination qu’il a tenu à défendre en ces termes : « mieux protéger nos citoyens et nos frontières, moderniser le système d’asile afin d’investir dans les compétences européennes et proposer un avenir plus radieux pour notre jeunesse ». Le programme est sensiblement le même que celui de son prédécesseur en charge des « Migrations, Affaires intérieures et Citoyenneté », mais les eurodéputés marqués à gauche n’hésitent pas à évoquer un « clin d’œil » à l’extrême droite.
L’eurodéputée Manon Aubry assure que « La nouvelle Commission compte faire passer sa répression des migrants et des exilés pour de la philanthropie ». Une vision que ne partage pas du tout Ursula von der Leyen qui explique ce choix ainsi : « Notre mode de vie européen, c’est s’accrocher à nos valeurs. La beauté de la dignité de chaque être humain est l’une des plus précieuses valeurs ». Malgré les protestations dans les rangs du Parlement européen, la présidente de la Commission ne devrait pas changer son fusil d’épaule. Nul doute que les premières décisions en matière migratoire seront scrutées à l’aune d’un intitulé qui n’a pas fini de faire parler de lui.