Les raisons du réchauffement franco-russe

Depuis la mi-août et la venue de Vladimir Poutine dans le sud de la France avant le début du G7, les relations franco-russes se réchauffent de manière spectaculaire. Le président français travaille à une reprise du dialogue avec Moscou et son homologue russe ne se fait pas prier pour montrer que la Russie n’est plus isolée sur le plan diplomatique. Une nouvelle ère semble devoir s’ouvrir comme l’indique la réception à Moscou des ministres français des Affaires étrangère et de la Défense.
Ce 9 septembre, Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères et Florence Parly, ministre des Armées, ont été reçus par leurs homologues russes. Un format « 2+2 » qui n’avait pas été usité depuis 2012, la crise dans l’Est de l’Ukraine et en Crimée de 2014 ayant coupé les ponts entre la Russie et les pays membres de l’Union européenne. Un épisode qui marque toujours les relations entre Moscou et ses partenaires européens, mais que le président français entend surmonter. Emmanuel Macron a fait part de son intention de changer de ton avec Moscou et d’adopter ainsi une politique de la main tendue.
La stratégie présidentielle se retrouve parfaitement dans les propos de Jean-Yves Le Drian qui a estimé hier que « le moment est venu, le moment est propice pour travailler à réduire la défiance (…) Nous sommes venus proposer (…) un nouvel agenda de confiance ». L’heure est bien au réchauffement entre la France et la Russie et ce nouveau ballet soulève plusieurs questions de fond. Pourquoi Paris est-il prêt à se montrer plus amical alors qu’aucune avancée de fond n’a été enregistrée ? Certes, la Russie et l’Ukraine se sont échangés soixante dix prisonniers, mais les questions de la Crimée et de l’Est de l’Ukraine restent intactes.
Il semblerait que le rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie ne soit plus un obstacle à une normalisation de la relation franco-russe. Aucune reconnaissance ne sera faite, mais la question épineuse de la Crimée est écartée pour se concentrer sur l’avenir de l’Est de l’Ukraine où des combats sporadiques ont toujours lieu et où le pouvoir central de Kiev n’a plus aucune autorité. La ministre des Armées, Florence Parly – très critique de la Russie il y a encore quelques mois – a assuré que les deux pays ne partagent « pas toujours la même vision », mais qu’ « il est important de pouvoir se parler, d’éviter des incompréhensions, des frictions ». Un discours et une politique qui devraient générer d’autres frictions notamment avec les pays baltes…