EDF préfère MHI à Framatome pour remplacer des générateurs de vapeur

EDF préfère MHI à Framatome pour remplacer des générateurs de vapeur

Le secteur de l’énergie est concurrentiel. Le nucléaire ne fait pas exception comme vient de le rappeler EDF en choisissant l’entreprise japonaise MHI au détriment de sa filiale Framatome pour le remplacement de générateurs de vapeur. Cette décision, surprenante à première vue en raison des liens entre EDF et Framatome et du passé industriel des deux entités, aurait été prise sur des critères exclusivement économiques. Il se dit pourtant qu’EDF souhaiterait ainsi s’attirer les bonnes grâces du japonais qui détient par ailleurs 19,5 % de Framatome.

Malgré les appels répétés des syndicats au cours de ces derniers mois, l’appel d’offres lancé par EDF en octobre 2017 n’aura pas abouti au résultat qu’ils espéraient. EDF, en qualité d’opérateur des centrales nucléaires de  Cruas (Ardèche) et Chinon (Indre-et-Loire), avait lancé un appel d’offres pour remplacer les générateurs de vapeur. Ces générateurs de vapeur constituent un élément essentiel des réacteurs puisqu’ils transforment la chaleur produite en vapeur, laquelle est utilisée pour le fonctionnement du groupe turbo-alternateur qui produit in fine l’électricité. Ce sont donc des éléments complexes et extrêmement imposants qui demandent un savoir-faire que peu d’entreprises ont.

Framatome, filiale à 75,5 % d’EDF possède ce savoir-faire et a remporté la très grande majorité des contrats passés en France en ce qui concerne les générateurs de vapeur. Pourtant, l’entreprise s’est vue préférée la société nippone MHI en réponse à un appel d’offres lancé en octobre 2017 et dont le résultat vient d’être communiqué par EDF. MHI devra donc remplacer « trois triplettes de générateurs » avec une quatrième triplette en option. Le montant du contrat n’a pas été dévoilé, mais ce n’est pas tant la perte d’un contrat qui fait réagir, mais plutôt les possibles conséquences sur l’emploi.

Selon Jean-Luc Mercier, représentant CGT à Creusot Forge (site qui aurait certainement produit les générateurs en cas de succès de Framatome), il existe une menace de chômage partiel sur plusieurs entreprises du secteur. Déjà en mai 2018, un autre syndicat, la CGT Framatome, avait avancé une « incidence directe » avec « une charge de travail largement insuffisante dès 2022 » en cas d’échec en réponse à cet appel d’offres. Une éventualité qui n’était alors pas écartée quand bien même « Framatome a historiquement remporté la quasi-totalité des appels d’offres sur les remplacements de générateurs de vapeurs » selon un porte-parole d’EDF interrogé par Le Monde.

Toutefois, les craintes exprimées pourraient fortement s’apaiser dans la mesure où MHI se serait engagé à effectuer 50 % du travail par des entreprises françaises « dont une part significative par Framatome » selon EDF. La Lettre A croit même savoir que la filiale d’EDF devrait assurer environ 20 % du travail nécessaire. Une manière de faire travailler les équipes expérimentées de Framatome tout en accordant un contrat à une entreprise nippone aux liens de plus en plus étroits avec la filière nucléaire française.

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