Des législatives historiques au Kosovo

Le Kosovo vient peut-être de tourner une page importante de son histoire en tant qu’Etat souverain. Au pouvoir depuis l’indépendance arrachée à la Serbie en 2008, les anciens chefs de guerre ont été battus, selon les premiers sondages partiels, par une nouvelle génération d’hommes politiques. Le grand gagnant des élections est Albin Kurti (44 ans), homme de gauche qui n’a pas caché sa volonté de renouer le dialogue avec la Serbie, première étape indispensable à un soutien international renouvelé porteur d’espoirs sur les plans économique et social.
Est-ce la fin d’un monde qui a beaucoup déçu après avoir tant promis ? Le dépouillement de 95 % des bulletins exprimés à l’occasion des législatives au Kosovo suit en tout cas cette tendance. Les deux premières places ont été remportées par deux formations d’opposition. Le parti Vetevendosje d’Albin Kurti a recueilli 25,8 % des suffrages tandis que le parti de centre droit LDK remporte près de 25 % des votes. Les partis qui constituent l’actuelle coalition gouvernementale n’arrivent qu’après avec 21,2 % pour le PDK du président Hashin Thaçi et 11,5 % pour l’AAK du Premier ministre Ramush Haradinaj.
La commission électorale doit annoncer les résultats définitifs et officiels aujourd’hui et des recours sont à attendre de la part de partis au pouvoir qui n’imaginaient certainement pas à une telle gifle des électeurs. Ces résultats appellent à la constitution d’une nouvelle coalition. Un exercice toujours périlleux, mais les jeunes leaders de Vetevendosje et du LDK (Vjosa Osmani, 37 ans) avaient laissé entendre qu’une coalition était possible afin de pousser vers la sortie tous les « commandants », c’est-à-dire les figures plus ou moins sulfureuses qui ont joué un rôle dans l’indépendance du Kosovo.
Une vieille machine de guerre (électorale) grippée qui paient les mauvais résultats sur les deux fronts les plus importants aux yeux de la population : la reconnaissance internationale et un développement économique fort. Le chômage frappe un quart de la population kosovare. La corruption est endémique et les perspectives d’avenir bien sombres.
Tout cela pourrait changer avec une nouvelle partition jouée sur la scène internationale. Albin Kurti a exprimé sa volonté de renouer le dialogue avec la Serbie, étape indispensable à une normalisation. La Serbie ne reconnaît pas l’indépendance du Kosovo et les veto russe et chinois l’empêchent d’espérer rejoindre les Nations Unies. De leur côté, l’Union européenne et les Etats-Unis ont clairement exprimé leur désir de voir les relations entre la Serbie et le Kosovo se détendre afin de reprendre leur soutien envers un pays qui a en désespérément besoin.