La difficile constitution de la Commission européenne

La Constitution d’une nouvelle Commission européenne est un passage difficile dans lequel de nombreux acteurs jouent leur partition propre avec le risque de produire une symphonie de couacs. Ursula von der Leyen l’apprend aujourd’hui à ses dépends avec deux Commissaires qui ont d’ores et déjà été recalés par les députés européens. Les problèmes de la présidente de la Commission ne s’arrêtent pas là puisque l’une de ses pièces maîtresses, Sylvie Goulard, est en grande difficulté et a échoué lors de sa première audition devant les parlementaires.
Après la petite crise entre chefs d’Etat et de gouvernement pour se mettre d’accord sur le nom de la prochaine présidente de la Commission européenne, c’est au tour de cette dernière de naviguer à vue pour composer son équipe. Deux de ses Commissaires ont été rejetés par le Parlement européen pour des soupçons de conflit d’intérêts. La roumaine Rovana Plumb devait s’occuper des Transports, mais deux prêts litigieux lui ont finalement barrée la route. Le Hongrois Laszlo Trocsanyi n’aura pas su démêler les fils le liant au cabinet d’avocats qu’il a fondé en 1991 alors que le Commissariat à l’Elargissement lui tendait les bras.
Deux échecs cinglants et deux familles politiques (sociale-démocrate et PPE) qui n’ont pas manqué de poser des questions embarrassantes à une autre Commissaire en devenir : Sylvie Goulard. Issue des listes Renew, la Française a connu une audition catastrophique devant les députés. Là encore, le passé de cette ancienne parlementaire européenne a constitué un boulet visiblement trop lourd pour être déplacé en une seule séance de questions.
Celle qui doit occuper le très important poste de Commissaire au Marché intérieur a eu toutes les peines du monde à répondre de manière compréhensible et structurée à des questions précises. Ephémère ministre française des Armées, elle avait démissionné pour une affaire d’emploi fictif présumé dont elle se considère aujourd’hui « clean ». Une affaire toutefois embarrassante qui vient s’ajouter à une curieuse activité au sein de l’institut Berggruen. Alors députée européenne, Sylvie Goulard a été « consultante » entre 2013 et 2015. Un travail dont la réalité n’a toujours pas été démontrée et qui lui a rapporté 10 000 euros par mois… Très vague, Sylvie Goulard a notamment dit que cette activité lui avait permis de rencontrer des personnes auxquelles elle n’aurait jamais eu accès même en tant qu’eurodéputée… La légèreté des réponses aux vingt-cinq questions qui lui ont été posées s’est donc soldée par un rejet. Goulard a encore une chance de devenir Commissaire après une série de questions écrites et une éventuelle seconde audition. Sale temps sur la Commission européenne en devenir.