Merkel sauve sa coalition (mais pour combien de temps ?)
Le Gouvernement allemand est en crise. Le pire a finalement été évité avec un accord entre la chancelière Angela Merkel et son ministre de l’Intérieur Horst Seehofer. Ce dernier avait menacé à deux reprises de démissionner si un changement radical de politique migratoire n’était pas enclenché. Le ministre a finalement eu raison de la chancelière et des restrictions drastiques vont être imposées aux demandeurs d’asile. Un changement de cap au niveau européen s’annonce-t-il ?
Beaucoup de pays membres de l’Union européenne ont tenté de convaincre Angela Merkel de renoncer ou tout du moins d’amender sa politique migratoire très favorable aux migrants. La chancelière allemande n’a pas cédé d’un pouce, mais c’est son propre Gouvernement qui a finalement eu raison de sa volonté. La difficile mise en place d’une coalition CDU-CSU-SPD a aujourd’hui pour principale conséquence de remettre en cause une politique entamée en 2014. Le leader de la CSU, Horst Seehofer, a peur de perdre sa majorité absolue aux élections régionales prévues en automne au profit de l’extrême droite. C’est pourquoi le ministre de l’Intérieur a imposé une nouvelle politique migratoire plus contraignante.
Le choix ne s’est pas fait sans mal, mais pour sauver sa coalition et donc son poste de chancelière, Angela Merkel a accepté l’idée de « centres de transit » à la frontière germano-autrichienne où seront admis les demandeurs d’asile arrivés en Allemagne, mais dont une demande a déjà été enregistrée dans l’un des pays membres de l’Union européenne. Ces demandeurs seront alors renvoyés vers le pays d’entrée.
Cette nouvelle politique pourrait s’imposer comme la nouvelle norme dans une Europe de plus en plus hostile à l’arrivée de migrants. L’Autriche, qui a pris la présidence de l’Union européenne, a déjà fait savoir qu’elle envisageait la mise en place d’un système similaire. D’autres pays européens comme l’Italie, le groupe de Visegrad engrangent un nouveau succès.
Angela Merkel, elle, a sauvé son poste, mais les tensions au sein de sa coalition sont si fortes qu’aucune assurance quant à sa bonne marche n’est certaine. Le SPD, membre de la coalition gouvernementale déplore le tournant actuel. La réunion, CDU-CSU-SPD prévue aujourd’hui à 16 heures devrait donner le ton des semaines à venir.