Manifestations entre violence et détermination
Les milliers de manifestant.e.s défendent les droits des femmes en Pologne et entrent en confit avec des bandes d’extrême-droite dans la capitale.
Entre fête et violences
Vendredi dernier, la grande marche de protestation contre la quasi-interdiction de l’avortement s’est déployée dans Varsovie pour le neuvième jour consécutif. Les institutions religieuses et politiques de Pologne expriment leur colère au milieu de cette atmosphère presque festive.
Des centaines de pancartes aux accents humoristiques se moquent des leaders polonais et exigent de garder le droit des femmes à l’avortement. Pour scander leurs slogans défendant leur droit de choisir ou non la maternité, ces milliers de femmes ont apporté des percussions, des casseroles et des haut-parleurs diffusant de la musique techno ou des tubes populaires. Une ambiance presque euphorique traverse cette immense manifestation de plus de 100000 personnes, malgré la peur du coronavirus et l’omniprésence des forces de police.
Des bandes de hooligans ont attaqué le cortège a plusieurs reprises sans pour autant entamer leur détermination à marcher. Des dizaines d’hommes habillés de noir ont attaqué la fin du cortège et blessé sérieusement un des participants. Parmi les 37 personnes arrêtées par la police de Varsovie ce vendredi, 35 sont associées à des cercles nationalistes.
“Les femmes polonaises ont changé!”
Selon différents commentateurs de ce mouvement, la colère des manifestants va bien au-delà du gouvernement actuel et de cette loi venant quasiment interdire l’avortement. Il s’agit aussi d’une protestation contre les conséquences de vivre dans une société profondément patriarcale et sous un ordre politique et législatif construit dans les années 1990, par une génération conservatrice d’hommes situés des deux côtés de l’échiquier politique.
“Les femmes ont pris la rue pour se battre pour leurs droits, pas pour que vous puissiez reprendre le pouvoir… Pendant les 30 dernières années, pendant que vous répétiez les mêmes horreurs conservatrices, les femmes polonaises ont changé” commente l’activiste et journaliste Kaja Puto.